Rapport spécial du GIEC sur le changement climatique et les terres émergées

De Citoyens pour le climat
Révision datée du 16 juillet 2020 à 16:58 par Frédéric Conrotte (discussion | contributions) (A protégé « Rapport spécial du GIEC sur le changement climatique et les terres émergées » ([Modifier=Autoriser uniquement les utilisateurs autoconfirmés] (infini) [Renommer=Autoriser uniquement les utilisateurs autoconfirmés] (infini)))
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Sauter à la navigation Sauter à la recherche


Rapport du GIEC
Changement climatique et terres émergées
Rapport spécial du GIEC sur les changements climatiques, la désertification, la dégradation des terres, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire et les flux de gaz à effet de serre dans les écosystèmes terrestres

Résumé à l’intention des décideurs

publié en anglais le 8 août 2019 à Genève, Suisse
Traduction citoyenne non officielle


Sommaire

Introduction

Le présent rapport spécial sur les changements climatiques et les terres émergées [1] fait suite à la décision prise par le Groupe d’experts en 2016 de préparer trois rapports spéciaux [2] pendant le sixième cycle d’évaluation, en tenant compte des propositions des gouvernements et des organisations ayant statut d’observateur [3]. Le présent rapport traite des flux de gaz à effet de serre (GES) dans les écosystèmes terrestres, de l’usage des terres et de la gestion durable des terres [4] en relation avec l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets, la désertification [5], la dégradation des terres [6] et la sécurité alimentaire [7]. Ce rapport fait suite à la publication d’autres rapports récents, dont le Rapport spécial du GIEC sur le réchauffement de la planète de 1,5 °C (RS15), l’évaluation thématique de la Plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) portant sur la dégradation et la restauration des terres, le rapport de l’IPBES portant sur l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques et le rapport sur les perspectives mondiales des terres de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD). Le présent rapport fournit une évaluation actualisée de l’état actuel des connaissances [8] tout en s’efforçant d’assurer la cohérence et la complémentarité avec les autres rapports récents.
Le présent résumé à l’intention des décideurs (RID) est structuré en quatre parties :

  • A — Populations, terres et climat dans un monde qui se réchauffe
  • B — Les options d’adaptation et d’atténuation
  • C — l’activation des options de réponse
  • D — Les mesures à court terme.


La confiance dans les résultats clés est indiquée par le langage calibré du GIEC [9] ; le fondement scientifique sous-jacent de chaque résultat clé est indiqué par des références au rapport principal.

A. Populations, terres émergées et climat dans un monde qui se réchauffe

A1. Les terres émergées constituent la base principale des moyens de subsistance et du bien-être de l’homme, y compris l’approvisionnement en nourriture, en eau douce et en de multiples autres services écosystémiques, et la biodiversité. Les usages humains affectent directement plus de 70 % (probablement 69 à 76 %) de la surface terrestre libre de glace de la planète (degré de confiance élevé). Les terres jouent également un rôle important dans le système climatique. {1.1, 1.2, 2.3, 2.4, figure RID.1}

A1.1. La population utilise actuellement un quart à un tiers de la production [10] primaire nette potentielle des terres pour l’alimentation humaine et animale, les fibres, le bois et l’énergie. Les terres fournissent la base de nombreuses autres fonctions et services écosystémiques [11], y compris les services culturels et de régulation, qui sont essentiels à l’humanité (degré de confiance élevé). Dans une approche économique, les services écosystémiques terrestres mondiaux ont été évalués sur une base annuelle comme étant approximativement équivalents au produit intérieur brut annuel mondial [12] (degré de confiance moyen). {1.1, 1.2, 3.2, 4.1, 5.1, 5.5, figure RID.1}

A1.2. Les terres sont à la fois une source et un puits de gaz à effet de serre (GES) et jouent un rôle clé dans l’échange d’énergie, d’eau et d’aérosols entre la surface terrestre et l’atmosphère. Les écosystèmes terrestres et la biodiversité sont vulnérables au changement climatique en cours et aux conditions météorologiques et climatiques extrêmes, à des degrés divers. La gestion durable des terres peut contribuer à réduire les effets négatifs de multiples facteurs de stress, y compris du changement climatique, sur les écosystèmes et les sociétés (degré de confiance élevé). {1.1, 1.2, 3.2, 4.1, 5.1, 5.5, figure RID.1}

A1.3. Les données disponibles depuis 1961 [13] montrent que la croissance démographique mondiale et l’évolution de la consommation par habitant de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux, de fibres, de bois et d’énergie ont entraîné des taux sans précédent d’utilisation des terres et de l’eau douce (degré de confiance très élevé), l’agriculture comptant actuellement pour environ 70 % de l’utilisation mondiale d’eau douce (degré de confiance moyen). L’expansion des superficies consacrées à l’agriculture et à la foresterie, y compris à la production commerciale, et l’amélioration de la productivité agricole et forestière ont favorisé la consommation et la disponibilité alimentaire pour une population croissante (degré de confiance élevé).

Les termes suivants ont été utilisés pour indiquer la probabilité évaluée d’un résultat : pratiquement certain de 99 à 100 %, très probable de 90 à 100 %, probable de 66 à 100 %, probable de 66 à 100 %, à peu près aussi probable qu’improbable de 33 à 66 %, peu probable de 0 à 33 %, très peu probable de 0 à 10 %, exceptionnellement improbable de 0 à 1 %. D’autres termes (extrêmement probable 95-100 %, plus probable qu’improbable > 50-100 %, plus improbable que probable 0-<50 %, extrêmement improbable 0-5 %) peuvent également être utilisés si nécessaire. La probabilité évaluée est présentée en italique, par exemple, très probable. Cela est conforme au RE5 du GIEC. Avec de grandes variations régionales, ces changements ont contribué à l’augmentation des émissions nettes de GES (degré de confiance très élevé), à la perte d’écosystèmes naturels (par exemple, forêts, savanes, prairies naturelles et zones humides) et au déclin de la biodiversité (degré de confiance élevé). {1.1, 1.3, 5.1, 5.5, figure RID.1}

A1.4. Les données disponibles depuis 1961 montrent que l’offre d’huiles végétales et de viande par habitant a plus que doublé et que l’offre de calories alimentaires par habitant a augmenté d’environ un tiers (degré de confiance élevé). Actuellement, 25 à 30 % de la production alimentaire totale est perdue ou gaspillée (degré de confiance moyen). Ces facteurs sont associés à des émissions supplémentaires de GES (degré de confiance élevé). Les changements dans les habitudes de consommation ont contribué au surpoids ou à l’obésité d’environ 2 milliards d’adultes (degré de confiance élevé). On estime que 821 millions de personnes sont encore sous-alimentées (degré de confiance élevé). {1.1, 1.3, 5.1, 5.5, figure RID.1}

A1.5. Environ un quart de la surface terrestre libre de glace de la Terre est sujette à une dégradation d’origine humaine (degré de confiance moyen). On estime que l’érosion des sols provenant des champs agricoles est actuellement de 10 à 20 fois (sans travail du sol) à plus de 100 fois (travail conventionnel du sol) plus élevée que le taux de formation du sol (degré de confiance moyen). Le changement climatique aggrave la dégradation des sols, en particulier dans les zones côtières basses, les deltas fluviaux, les zones arides et les zones de pergélisol (degré de confiance élevé). Au cours de la période 1961-2013, la superficie annuelle des terres arides touchées par la sécheresse a augmenté, en moyenne d’un peu plus de 1 % par an, avec une grande variabilité interannuelle. En 2015, environ 500 (380-620) millions de personnes vivaient dans des zones qui ont connu la désertification entre les années 1980 et 2000. Les populations les plus touchées se trouvent en Asie du Sud et de l’Est, dans la région du circum-Sahara, y compris en Afrique du Nord, et au Moyen-Orient, y compris dans la péninsule arabique (degré de confiance faible). D’autres régions arides ont également connu la désertification. Les personnes vivant dans des zones déjà dégradées ou désertifiées sont de plus en plus affectées négativement par le changement climatique (degré de confiance élevé). {1.1, 1.2, 3.1, 3.2, 4.1, 4.2, 4.3, figure RID.1}

Usage des terres et changement climatique observé

A. Changement de température observé par rapport à 1850-1900

Depuis la période préindustrielle (1850-1900), la température moyenne de l’air observée à la surface des terres a augmenté considérablement plus que la température de surface moyenne mondiale (terres et océans).

 

B. Émissions de gaz à effet de serre

On estime que 23 % des émissions anthropiques totales d’émissions de gaz à effet de serre (2007-2016) proviennent de l’agriculture, de la foresterie, et des autres usages des terres (AFAT).

 

C. Utilisation globale des terres aux alentours de 2015

Le diagramme à barres représente les différentes utilisations de la surface terrestre libre de glace à l’échelle mondiale. Les barres sont ordonnées selon un gradient d’intensité décroissante d’utilisation du sol de la gauche vers la droite.

 

D. Production agricole

Le changement d’usage des terres et l’intensification rapide de l’utilisation des terres ont favorisé l’augmentation de la production de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux et de fibres. Depuis 1961, la production totale de denrées alimentaires (cultures céréalières) a augmenté de 240 % (jusqu’en 2017) en raison de l’expansion des superficies et de l’augmentation des rendements. La production de fibres (coton) a augmenté de 162 % (jusqu’en 2013).

 

E. Demande alimentaire

L’augmentation de la production est liée à l’évolution de la consommation alimentaire.

 

F. Désertification et dégradation des terres

Le changement d’usage des terres, l’intensification de l’usage des terres et le changement climatique ont contribué à la désertification et à la dégradation des terres.

 

Figure RID.1 : Usage des terres et changement climatique observé

Une représentation de l’utilisation des terres et du changement climatique observé dont il est question dans le présent rapport d’évaluation. Les cadres A à F montrent l’état et les tendances de certaines variables liées à l’usage des terres et au climat qui représentent bon nombre des principaux sujets abordés dans le présent rapport. Les séries chronologiques annuelles en B et D-F sont basées sur les données disponibles les plus complètes des statistiques nationales, provenant dans la plupart des cas de FAOSTAT et débutant en 1961. Les axes Y des cadres D-F sont exprimés par rapport à l’année de début de la série temporelle (rebasée à zéro). Sources de données et notes :

  • A : Les courbes de réchauffement sont des moyennes de quatre ensembles de données {2.1 ; figure 2.2 ; Tableau 2.1}
  • B : Le N2O et le CH4 provenant de l’agriculture proviennent de FAOSTAT ; les émissions nettes de CO2 du FAT utilisent la moyenne de deux modèles de comptabilisation (et comprennent les émissions provenant des incendies de tourbières depuis 1997). Toutes les valeurs exprimées en unités d’équivalent CO2 sont basées sur les valeurs du potentiel de réchauffement planétaire à 100 ans du RE5 sans rétroaction climat-carbone (N2O=265 ; CH4=28). {Voir tableau RID.1, 1.1, 2.3}
  • C : Représente les parts des différents usages de la zone terrestre libre de glace à l’échelle mondiale pour l’année 2015 environ, ordonnées selon un gradient d’intensité décroissante d’usage des terres, de gauche à droite. Chaque barre représente une large catégorie d’occupation des sols ; les chiffres en haut représentent le pourcentage total de la zone libre de glace couverte, avec des plages d’incertitude entre parenthèses. Les pâturages intensifs sont définis comme ayant une densité de bétail supérieure à 100 animaux/km². La superficie des « forêts gérées pour le bois d’œuvre et d’autres usages » a été calculée comme la superficie totale des forêts moins la superficie des forêts "primaires et intactes". {1, 2, tableau 1.1, figure 1.3}
  • D : Notez que l’utilisation d’engrais est indiquée sur un axe divisé. Le pourcentage d’augmentation important de l’utilisation des engrais reflète le faible niveau d’utilisation en 1961 et s’explique à la fois par l’augmentation des apports d’engrais par superficie et par l’expansion des terres cultivées et des prairies fertilisées pour accroître la production alimentaire. {1.1, figure 1.3}
  • E : La population en surpoids est définie comme ayant un indice de masse corporelle (IMC) > 25 kg/m2 ; l’insuffisance pondérale est définie comme un IMC < 18,5 kg/m2. {5.1, 5.2}
  • F : Les superficies des terres arides ont été estimées à l’aide des précipitations et de l’évapotranspiration potentielle de TerraClimate (1980-2015) pour identifier les régions où l’indice d’aridité est inférieur à 0,65. Les données démographiques proviennent de la base de données HYDE3.2. Les zones de sécheresse sont basées sur 12 mois d’accumulation de l’indice de sécheresse du Centre mondial de climatologie des précipitations (GPCC). L’étendue des zones humides intérieures (y compris les tourbières) est basée sur les données agrégées de plus de 2000 séries chronologiques qui rendent compte des changements dans la superficie des zones humides locales au fil du temps. {3.1, 4.2, 4.6}

A2. Depuis la période préindustrielle, la température de l’air à la surface de la terre a augmenté presque deux fois plus que la température moyenne mondiale (degré de confiance élevé). Le changement climatique, y compris l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des extrêmes, a eu un impact négatif sur la sécurité alimentaire et les écosystèmes terrestres et a contribué à la désertification et à la dégradation des sols dans de nombreuses régions (degré de confiance élevé). {2.2, 3.2, 4.2, 4.2, 4.3, 4.4, 5.1, 5.2, résumé du chapitre 7, 7.2}

A2.1. Depuis la période préindustrielle (1850-1900), la température moyenne de l’air à la surface de la terre a augmenté considérablement plus que la température moyenne globale à la surface du globe (terre et océan) (GMST) (degré de confiance élevé). De 1850-1900 à 2006-2015, la température moyenne de l’air à la surface du sol a augmenté de 1,53 °C (très probablement entre 1,38 °C et 1,68 °C) tandis que la température GMST a augmenté de 0,87 °C (probablement entre 0,75 °C et 0,99 °C). {2.2.1, figure RID.1}

A2.2. Le réchauffement a entraîné une augmentation de la fréquence, de l’intensité et de la durée des événements liés à la chaleur, y compris les vagues de chaleur [14] dans la plupart des régions terrestres (degré de confiance élevé). La fréquence et l’intensité des sécheresses ont augmenté dans certaines régions (y compris la Méditerranée, l’Asie occidentale, de nombreuses parties de l’Amérique du Sud, une grande partie de l’Afrique et l’Asie du Nord-Est) (degré de confiance moyen) et il s’est produit une augmentation de l’intensité des fortes précipitations à l’échelle mondiale (degré de confiance moyen). {2.2.5, 4.2.3, 5.2}

A2.3. Les observations par satellite [15] ont montré un verdissement de la végétation [16] au cours des trois dernières décennies dans certaines régions d’Asie, d’Europe, d’Amérique du Sud, du centre de l’Amérique du Nord et du sud-est de l’Australie. Les causes du verdissement comprennent la combinaison d’une saison de croissance prolongée, du dépôt d’azote, de la fertilisation au CO2 [17] et de la gestion des terres (degré de confiance élevé). Le brunissement de la végétation [18] a été observé dans certaines régions, dont le nord de l’Eurasie, certaines parties de l’Amérique du Nord, l’Asie centrale et le bassin du Congo, principalement en raison du stress hydrique (degré de confiance moyen). À l’échelle mondiale, le verdissement de la végétation s’est produit sur une plus grande superficie que le brunissement de la végétation (degré de confiance élevé). {2.2.3, encadré 2.3, 2.2.4, 3.2.1, 3.2.2, 4.3.1, 4.3.2, 4.6.2, 5.2.2}

A2.4. La fréquence et l’intensité des tempêtes de poussière ont augmenté au cours des dernières décennies en raison des changements de l’usage des terres et de l’occupation des sols et des facteurs climatiques dans de nombreuses zones arides, ce qui a eu des effets négatifs croissants sur la santé humaine dans des régions comme la péninsule arabique et le Moyen-Orient élargi, l’Asie centrale (degré de confiance élevé) [19]. {2.4.1, 3.4.2}

A2.5. Dans certaines zones arides, l’augmentation de la température et de l’évapotranspiration de l’air à la surface de la terre et la diminution de la quantité des précipitations, en interaction avec la variabilité climatique et les activités humaines, ont contribué à la désertification. Ces régions comprennent l’Afrique subsaharienne, certaines parties de l’Asie de l’Est et de l’Asie centrale et l’Australie. (degré de confiance moyen) {2.2, 3.2.2, 4.4.1}

A2.6. Le réchauffement planétaire a entraîné des déplacements de zones climatiques dans de nombreuses régions du monde, y compris l’expansion des zones climatiques arides et la contraction des zones climatiques polaires (degré de confiance élevé). Par conséquent, de nombreuses espèces végétales et animales ont connu des changements dans leur aire de répartition, leur abondance et des modifications dans leurs activités saisonnières (degré de confiance élevé). {2.2, 3.2.2, 4.4.1}

A2.7. Le changement climatique peut exacerber les processus de dégradation des sols (degré de confiance élevé), notamment par l’augmentation de l’intensité des précipitations, des inondations, de la fréquence et de la gravité des sécheresses, du stress thermique, des périodes de sécheresse, du vent, de l’élévation du niveau de la mer et de l’action des vagues, de la fonte du pergélisol, et la gestion des terres en module les effets. L’érosion côtière en cours s’intensifie et touche de plus en plus de régions, l’élévation du niveau de la mer augmentant la pression de l’usage des terres dans certaines régions (degré de confiance moyen). {4.2.1, 4.2.2, 4.2.3, 4.4.1, 4.4.2, 4.9.6, tableau 4.1, 7.2.1 et 7.2.2}

A2.8. Le changement climatique a déjà affecté la sécurité alimentaire en raison du réchauffement, de la modification des régimes de précipitations et de la fréquence accrue de certains événements extrêmes (degré de confiance élevé). Dans de nombreuses régions des basses latitudes, les rendements de certaines cultures (par exemple, le maïs et le blé) ont diminué, tandis que dans de nombreuses régions des hautes latitudes, les rendements de certaines cultures (par exemple, le maïs, le blé et la betterave sucrière) ont augmenté ces dernières décennies (degré de confiance élevé). Le changement climatique a entraîné une baisse des taux de croissance des animaux et de leur productivité dans les systèmes pastoraux en Afrique (degré de confiance élevé). Il existe des preuves solides que les ravageurs et les maladies agricoles ont déjà réagi au changement climatique, ce qui entraîne à la fois des augmentations et des diminutions des infestations (degré de confiance élevé). Sur la base des connaissances autochtones et locales, le changement climatique affecte la sécurité alimentaire dans les zones arides, en particulier en Afrique et dans les régions de haute montagne d’Asie et d’Amérique du Sud [20]. {5.2.1, 5.2.2, 7.2.2}

A 3. Les activités agricoles, forestières et autres activités liées à l’usage des terres (AFAT) ont représenté environ 13 % des émissions mondiales de CO2,44 % des émissions de méthane (CH4) et 82 % des émissions d’oxyde nitreux (N2O) provenant des activités humaines au cours de la période 2007-2016, soit 23 % (12,0 +/- 3,0 GtCO2e par an) du total net des émissions anthropiques de GES [21] (degré de confiance moyen). La réaction naturelle des terres aux changements environnementaux induits par l’homme a provoqué un puits net d’environ 11,2 GtCO2 par an au cours de la période 2007-2016 (équivalant à 29 % des émissions totales de CO2) (degré de confiance moyen) ; la persistance du puits est incertaine en raison du changement climatique (degré de confiance élevé). Si l’on inclut les émissions associées aux activités de pré-production et de post-production dans le système alimentaire mondial [22], les émissions sont estimées à 21-37 % des émissions anthropiques nettes totales de GES (degré de confiance moyen). {2, 3, tableau 2.2, 5, 4}

A3.1. La terre est à la fois une source et un puits de CO2 en raison de facteurs anthropiques et naturels, ce qui rend difficile la séparation entre flux anthropiques et flux naturels (degré de confiance très élevé). Les modèles mondiaux estiment les émissions nettes de CO2 provenant de l’usage des terres et du changement d’usage des terres en 2007-2016 à 5,2 ± 2,6 GtCO2 par an (plage probable). Ces émissions nettes sont principalement dues à la déforestation, partiellement compensées par le boisement et reboisement, et aux émissions et absorptions par d’autres activités d’usage des terres. (degré de confiance très élevé) (tableau RID.1) [23]. Il n’y a pas de tendance claire dans les émissions annuelles depuis 1990 (degré de confiance moyen) (figure RID.1). {1, 1, 2, 3, tableau 2, 2, tableau 2, 3}

A3.2. La réaction naturelle des terres aux changements environnementaux induits par l’homme, tels que l’augmentation de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, les dépôts d’azote et le changement climatique, a entraîné des absorptions nettes mondiales de 11,2 +/- 2,6 Gt CO2 par an (plage probable) entre 2007-2016 (tableau RID.1). La somme des absorptions nettes dues à cette réaction et des émissions nettes de l’agriculture, foresterie et autres usages des terres (AFAT) donne un flux net total sols-atmosphère qui a éliminé 6,0 +/- 2,6 GtCO2 par an au cours de la période 2007-2016 (plage probable). Les futures augmentations nettes des émissions de CO2 en provenance de la végétation et des sols dues au changement climatique devraient compenser l’augmentation des absorptions due à la fertilisation au CO2 et à l’allongement des périodes de végétation (degré de confiance élevé). L’équilibre entre ces processus est une source clé d’incertitude pour déterminer l’avenir du puits de carbone terrestre. Le dégel projeté du pergélisol devrait accroître la perte de carbone des sols (degré de confiance élevé). Au XXIe siècle, la croissance de la végétation dans ces zones pourrait compenser en partie cette perte (degré de confiance faible). {encadré 2.3, 2.3.1, 2.5.3, 2.7 ; tableau 2.3}

A3.3. Les modèles mondiaux et les inventaires nationaux de GES utilisent différentes méthodes pour estimer les émissions et les absorptions anthropiques de CO2 dans le secteur des terres émergées. Les deux produisent des estimations qui concordent étroitement pour le changement d’usage des sols impliquant la forêt (par exemple. déforestation, boisement) et qui diffèrent pour la forêt gérée. Les modèles mondiaux considèrent comme forêts gérées les terres qui ont fait l’objet d’une récolte alors que, conformément aux lignes directrices du GIEC, les inventaires nationaux de GES définissent la forêt gérée de façon plus large. Sur cette interprétation plus large, les inventaires peuvent également considérer la réponse naturelle de la terre aux changements environnementaux d’origine humaine comme anthropique, tandis que l’approche du modèle global {tableau RID.1} traite cette réponse comme faisant partie du puits non anthropique. À titre d’exemple, de 2005 à 2014, la somme des estimations des émissions nettes des inventaires nationaux de GES est de 0,1 ± 1,0 GtCO2 par an, tandis que la moyenne de deux modèles de comptabilisation mondiaux est de 5,1 ± 2,6 GtCO2 par an (plage probable). La prise en compte des différences dans les méthodes peut améliorer la compréhension des estimations des émissions nettes du secteur des terres émergées et de leurs applications.

Tableau RID.1. Émissions anthropiques nettes dues à l’Agriculture, la Foresterie, et les Autres activités liées à l’usage des Terres (AFAT) et non-AFAT (Cadre 1) et au système alimentaire mondial (moyenne 2007-2016) [1] (Cadre 2). Une valeur positive représente une émission ; une valeur négative représente une extraction.
Émissions anthropiques directes
Émissions anthropiques nettes dues à l’Agriculture, la Foresterie, et les Autres activités liées à l’usage des Terres (AFAT) Émissions anthropiques de GES hors AFAT [6] Émissions anthropiques nettes totales de GES (AFAT et hors AFAT) AFAT en tant que % d’émissions anthropiques nettes totales de GES Réponse naturelle des terres aux changements environnementaux dus à l’homme [7] Flux net toutes terres confondues vers l’atmosphère
Cadre 1 : Contribution de l’AFAT
FAT Agriculture Total
A B C = B + A D E = C + D F = (C/E)*100 G A + G
CO2 [2]
Gt CO2 par an 5,2 ± 2,6 --- [11] 5,2 ± 2,6 33,9 ± 1,8 39,1 ± 3,2 ~ 13 % 11,2 ± 2,6 - 6,0 ± 2,0
CH4 [3], [8] Mt CH4 par an 19 ± 6 142 ± 43 162 ± 48,6 201 ± 100 363 ± 111
Gt CO2e par an 0,5 ± 0,2 4,0 ± 1,2 4,5 ± 1,4 5,6 ± 2,8 10,1 ± 3,1 ~ 44 %
N2[3], [8] Mt N2O par an 0,3 ± 0,1 8 ± 2 8,3 ± 2,5 2,0 ± 1,0 10,4 ± 2,7
Gt CO2e par an 0,09 ± 0,03 2,2 ± 0,7 2,3 ± 0,7 0,5 ± 0,3 2,8 ± 0,7 ~ 82 %
Total (GES) Gt CO2e par an 5,8 ± 2,6 6,2 ± 1,4 12,0 ± 3,0 40,0 ± 3,4 52,0 ± 4,5 ~ 23 %
Cadre 2 : Contribution du système alimentaire mondial
Changement d’usage des terres Agriculture Autres secteurs pré- et post-production hors AFAT [5] Total des émissions du système alimentaire mondial
CO2 [4] lié au changement d’usage des terres Gt CO2 par an 4,9 ± 2,5
CH4 [3], [8], [9] Agriculture Gt CO2e par an 4,0 ± 1,2
N2[3], [8], [9] Agriculture Gt CO2e par an 2,2 ± 0,7
CO2 des autres secteurs Gt CO2 par an 2,4 – 4,8
Total (CO2e) [10] Gt CO2e par an 4,9 ± 2,5 6,2 ± 1,4 2,4 – 4,8 10,7 – 19,1

Sources de données et notes :

[1] Les estimations ne sont données que jusqu’en 2016 car il s’agit de la dernière date à laquelle les données sont disponibles pour tous les gaz.

[2] Flux net anthropique de CO2 dû à la modification de l’occupation des sols, comme le déboisement et le boisement, et la gestion des terres, y compris les coupes et les plantations d’arbres, ainsi que le brûlage des tourbières, selon deux modèles de comptabilisation utilisés dans le Bilan Carbone Mondial et dans le RE5. Ces modèles ne tiennent pas compte des changements dans les stocks de carbone des sols agricoles pour une même occupation des sols. {2.3.1.1.2.1, tableau 2.2, encadré 2.2}

[3] Les estimations montrent la moyenne et l’évaluation de l’incertitude de deux bases de données, FAOSTAT et USEPA 2012 {2.3 ; tableau 2.2}

[4] D’après FAOSTAT. Les catégories incluses dans cette valeur sont la « conversion nette des forêts » (déforestation nette), le drainage des sols organiques (terres cultivées et prairies), la combustion de biomasse (forêts tropicales humides, autres forêts, sols organiques). Elle exclut les « terres forestières » (la gestion forestière plus l’expansion nette de la forêt), qui jouent principalement un rôle de puits du fait du boisement. Note : les émissions totales de foresterie et autres usages des terres (FAT) provenant de FAOSTAT sont de 2,8 (±1,4) Gt CO2 par an pour la période 2007-2016. {tableau 2.2, tableau 5.4}

[5] Émissions de CO2 induites par des activités non incluses dans le secteur de l’AFAT, principalement liées à l’énergie (par exemple le séchage des céréales), au transport (par exemple le commerce international) et à l’industrie (par exemple la synthèse d’engrais minéraux) ou faisant partie des systèmes alimentaires, notamment les activités de production agricole (par exemple le chauffage sous serre), la pré-production (par exemple la fabrication des intrants agricoles) et la post-production (par exemple le traitement agroalimentaire). Cette estimation est basée sur les terres et exclut donc les émissions provenant de la pêche. Il inclut les émissions provenant des fibres et d’autres produits agricoles non alimentaires, étant donné qu’elles ne sont pas séparées de l’utilisation alimentaire dans les bases de données. Les émissions de CO2 liées au système alimentaire dans d’autres secteurs que l’AFAT représentent 6 à 13 % des émissions anthropiques totales de CO2. Ces émissions sont généralement faibles dans les petites exploitations agricoles de subsistance. Une fois ajoutées aux émissions de l’AFAT, la part estimée des systèmes alimentaires dans les émissions anthropiques mondiales est de 21 à 37 %. {5.4.5, tableau 5.4}

[6] Les émissions totales non-AFAT ont été calculées comme la somme des valeurs des émissions totales de CO2e pour l’énergie, les sources industrielles, les déchets et les autres émissions extraites des données du Global Carbon Project pour le CO2, y compris l’aviation et la navigation internationales et extraites de la base de données PRIMAP pour le CH4 et le N2O moyennées sur 2007-2014 uniquement car les données sont disponibles sur cette période. {2, 3 ; tableau 2.2}

[7] La réaction naturelle de la terre aux changements environnementaux induits par l’homme est la réaction de la végétation et des sols aux changements environnementaux tels que l’augmentation de la concentration atmosphérique de CO2, les dépôts d’azote et le changement climatique. L’estimation présentée représente la moyenne des Modèles de Végétation Mondiale Dynamique {2.3.1.1.2.4, encadré 2.2, tableau 2.3}

[8] Toutes les valeurs exprimées en unités de CO2e sont basées sur les valeurs du potentiel de réchauffement planétaire (PRP) du RE5 sur 100 ans sans rétroaction climat-carbone (N2O = 265 ; CH4 = 28). Il est à noter que le PRP a été utilisé pour les combustibles fossiles et les sources biogènes de méthane. En prenant un PRP plus élevé pour le CH4 des combustibles fossiles (30 d’après RE5), les émissions anthropiques totales de CH4 exprimées en CO2e sont alors supérieures de 2 %.

[9] Cette estimation est basée sur les terres et exclut donc les émissions provenant de la pêche et de l’aquaculture (à l’exception des émissions provenant des aliments pour animaux produits sur terre et utilisés en aquaculture), ainsi que les utilisations non alimentaires (par exemple, les fibres et la bioénergie) puisque celles-ci ne sont pas séparées des utilisations alimentaires dans les bases de données. Elle exclut les émissions autres que le CO2 associées au changement d’usage des terres (catégorie FAT), puisqu’elles proviennent des incendies de forêts et de tourbières.

[10] Les émissions associées aux pertes et aux déchets alimentaires sont inclues implicitement, puisque les émissions du système alimentaire sont liées aux aliments produits, y compris aux aliments consommés à des fins nutritionnelles, et aux pertes et déchets alimentaires. Ces derniers sont estimés à 8-10 % des émissions anthropiques totales en CO2e. {5.5.2.5}

[11] Aucune donnée globale n’est disponible pour les émissions de CO2 agricole.

A3.4. Les émissions mondiales de méthane de l’AFAT au cours de la période 2007-2016 ont été de 162 ± 49 Mt de CH4 par an (4,5 ± 1,4 GtCO2e par an) (degré de confiance moyen). La concentration atmosphérique moyenne mondiale de méthane a augmenté régulièrement entre le milieu des années 80 et le début des années 90, a montré une croissance plus lente par la suite jusqu’en 1999, un plateau entre 1999 et 2006, suivi d’une reprise de la croissance en 2007 (degré de confiance élevé). Les sources biogéniques représentent une plus grande proportion des émissions qu’avant 2000 (degré de confiance élevé). Les ruminants et l’expansion de la riziculture sont des facteurs importants de l’augmentation de la concentration (degré de confiance élevé). {Table 2.2, 2.3.2, 5.4.2, 5.4.3, figure RID.1}

A3.5. Les émissions anthropiques de N2O de l’AFAT sont en hausse et ont été de 8,3 ± 2,5 MtN2O par an (2,3 ± 0,7 GtCO2e par an) pendant la période 2007-2016. Les émissions anthropiques de N2O (figure RID.1, tableau RID.1) provenant des sols sont principalement dues à l’épandage d’azote, y compris à son inefficacité (application excessive ou mal synchronisée avec les périodes de demande des cultures) (degré de confiance élevé). Les sols des terres cultivées ont émis environ 3 Mt N2O par an (environ 795 Mt CO2e par an) durant la période 2007-2016 (degré de confiance moyen). Il y a eu une croissance importante des émissions provenant des pâturages aménagés en raison de l’augmentation des épandages de fumier (degré de confiance moyen). Le bétail sur les pâturages et les prairies représentait plus de la moitié des émissions anthropiques totales de N2O provenant de l’agriculture en 2014 (degré de confiance moyen). {Table 2.1, 2.3.3, 5.4.2, 5.4.3}

A3.6. Les émissions nettes totales de GES provenant de l’agriculture, de la foresterie et des autres usages des terres (AFAT) représentent 12,0 ± 3,0 GtCO2e par an pendant la période 2007-2016. Cela représente 23 % des émissions anthropiques nettes totales [24] (tableau RID.1). D’autres approches, comme le système alimentaire mondial, comprennent les émissions agricoles et les changements dans l’usage des terres (c’est-à-dire la déforestation et la dégradation des tourbières), ainsi que les émissions à l’extérieur de l’exploitation agricole provenant des secteurs de l’énergie, des transports et de l’industrie pour la production alimentaire. Les émissions qui contribuent au système alimentaire mondial qu’elles proviennent de l’exploitation ou de l’expansion des terres agricoles représentent 16 à 27 % des émissions anthropiques totales (degré de confiance moyen). Les émissions à l’extérieur de l’exploitation représentent de 5 à 10 % des émissions anthropiques totales (degré de confiance moyen). Compte tenu de la diversité des systèmes alimentaires, il existe de grandes différences régionales dans les contributions des différentes composantes du système alimentaire (degré de confiance très élevé). Les émissions provenant de la production agricole devraient augmenter (degré de confiance élevé), sous l’effet de la croissance démographique, de la croissance des revenus et de l’évolution des modes de consommation (degré de confiance moyen). {5.5, Table 5.4}

A4. Les changements de l’état des sols [25], qu’il s’agisse de l’usage des terres ou du changement climatique, affectent le climat mondial et régional (degré de confiance élevé). À l’échelle régionale, l’évolution des conditions du sol peut réduire ou accentuer le réchauffement et affecter l’intensité, la fréquence et la durée des événements extrêmes. L’ampleur et l’orientation de ces changements varient selon l’endroit et la saison (degré de confiance élevé). {Résumé chapitre 2, 2.3, 2.4, 2.5, 3.3}

A4.1. Depuis la période préindustrielle, l’évolution de l’occupation des sols due aux activités humaines a entraîné à la fois un rejet net de CO2 contribuant au réchauffement planétaire (degré de confiance élevé) et une augmentation de l’albédo terrestre mondial [26] entraînant un refroidissement de surface (degré de confiance moyen). Au cours de la période historique, on estime que l’effet net qui en résulte sur la température de surface moyenne mondiale est faible (degré de confiance moyen). {2.4, 2.6.1, 2.6.2}

A4.2. La probabilité, l’intensité et la durée de nombreux événements extrêmes peuvent être considérablement modifiées par des changements dans l’état des terres, y compris des événements liés à la chaleur comme les vagues de chaleur (degré de confiance élevé) et les fortes précipitations (degré de confiance moyen). Les changements dans l’état des terres peuvent avoir une incidence sur la température et les précipitations dans des régions aussi éloignées qu’à des centaines de kilomètres (degré de confiance élevé). {2.5.1, 2.5.2, 2.5.4, 3.3 ; encadré 4 du chapitre 2}

A4.3. On prévoit que le changement climatique modifiera l’état des terres avec des rétroactions sur le climat régional. Dans les régions boréales où la limite forestière migre vers le nord et/ou la saison de croissance s’allonge, le réchauffement hivernal sera accru en raison de la diminution de la couverture de neige et de l’albédo, tandis que le réchauffement sera réduit pendant la saison de croissance en raison de l’augmentation de l’évapotranspiration (degré de confiance élevé). Dans les régions tropicales où l’on prévoit une augmentation des précipitations, une croissance accrue de la végétation réduira le réchauffement régional (degré de confiance moyen). Les conditions de sol plus sèches résultant du changement climatique peuvent augmenter la sévérité des vagues de chaleur, tandis que les conditions de sol plus humides ont l’effet contraire (degré de confiance élevé). {2.5.2, 2.5.3}

A4.4. La désertification amplifie le réchauffement climatique par la libération de CO2 liée à la diminution de la couverture végétale (degré de confiance élevé). Cette diminution de la couverture végétale tend à augmenter l’albédo local, ce qui entraîne un refroidissement de surface (degré de confiance élevé). {3.3}

A4.5. Les changements du couvert forestier, par exemple le boisement, le reboisement et le déboisement, affectent directement la température de surface régionale par le biais des échanges d’eau et d’énergie [27] (degré de confiance élevé). Là où le couvert forestier augmente dans les régions tropicales, un refroidissement résulte d’une évapotranspiration accrue (degré de confiance élevé). Une évapotranspiration accrue peut entraîner des journées plus fraîches pendant la saison de croissance (degré de confiance élevé) et peut réduire l’amplitude des événements liés à la chaleur (degré de confiance moyen). Dans les régions où se trouve une couverture neigeuse saisonnière, comme la forêt boréale et certaines régions tempérées, l’augmentation des arbres et arbustes augmente également le réchauffement hivernal en raison d’un albédo de surface réduite [28] (degré de confiance élevé). {2.3, 2.4.3, 2.5.1, 2.5.2, 2.5.4}

A4.6. Le réchauffement planétaire et l’urbanisation peuvent renforcer le réchauffement des villes et de leurs alentours (effet d’îlot de chaleur), en particulier lors d’événements liés à la chaleur, comme les vagues de chaleur (degré de confiance élevé). Les températures nocturnes sont plus affectées par ceci que les températures diurnes (degré de confiance élevé). L’urbanisation accrue peut également intensifier les épisodes de précipitations extrêmes sur la ville ou sous le vent des zones urbaines (degré de confiance moyen). {2.5.1, 2.5.2, 2.5.3, 4.9.1, encadré 4 du chapitre 2}

 

Figure RID. 2 Risques pour les systèmes humains et les écosystèmes liés aux terres émergées découlant du changement climatique mondial, du développement socio-économique et des choix en matière d’atténuation dans les écosystèmes terrestres.

Comme dans les rapports précédents du GIEC, la littérature scientifique a été utilisée pour émettre un avis d’experts afin d’évaluer les niveaux de réchauffement planétaire auxquels les niveaux de risque sont indétectables, modérés, élevés ou très élevés, comme décrit au chapitre 7 et dans les autres parties du rapport sous-jacent. La figure indique les risques évalués à des niveaux de réchauffement approximatifs qui peuvent être influencés par divers facteurs, y compris les mesures d’adaptation. L’évaluation tient compte de la capacité d’adaptation compatible avec les trajectoires communes d’évolution socio-économique (SSP) décrites ci-dessous. Cadre A : Risques pour certains éléments du système terrestre en fonction de la température moyenne globale à la surface du globe {2.1 ; encadré 2.1 ; encadré 2.1 ; 3.5 ; 3.7.1.1 ; 4.4.1.1 ; 4.4.1.2 ; 4.4.1.2 ; 4.4.1.3 ; 5.2.2 ; 5.2.3 ; 5.2.4 ; 5.2.5 ; 7.2 ; 7.3, tableau SM7.1} Les liens vers des systèmes plus vastes sont donnés à titre d’exemple et ne se veulent pas exhaustifs. Les niveaux de risque sont estimés en supposant une exposition et une vulnérabilité moyennes induites par des tendances modérées dans les conditions socio-économiques, généralement compatibles avec une trajectoire SSP2. {Tableau SM7.4}. Cadre B : Risques associés à la désertification, à la dégradation des sols et à la sécurité alimentaire dus au changement climatique et aux modes de développement socioéconomique. Parmi les risques croissants associés à la désertification figurent les populations exposées et vulnérables à la pénurie d’eau dans les zones arides. Les risques liés à la dégradation des sols comprennent une dégradation accrue de l’habitat, l’exposition de la population aux incendies de forêt et aux inondations et les coûts des inondations. Les risques pour la sécurité alimentaire comprennent la disponibilité et l’accès à la nourriture, y compris les populations exposées à la famine, l’augmentation des prix des aliments et l’augmentation des années de vie ajustées en fonction de l’incapacité (AVAI) attribuable à l’insuffisance pondérale infantile. Les risques sont évalués pour deux trajectoires communes d’évolution socio-économique contrastées (SSP1 et SSP3 {Case 1}) en excluant les effets des politiques d’atténuation ciblées {3.5 ; 4.2.1.2 ; 5.2.2 ; 5.2.3 ; 5.2.4 ; 5.2.5 ; 6.1.4 ; 7.2, Tableau SM7.5} Les risques ne sont pas indiqués au-delà de 3 °C car la trajectoire SSP1 ne dépasse pas ce niveau de changement de température. Tous les cadres : Dans le cadre de l’évaluation, la littérature scientifique a été compilée et les données ont été extraites dans un tableau résumé. Un protocole officiel d’élicitation des experts (fondé sur la technique Delphi modifiée et le cadre d’élicitation de Sheffield) a été suivi pour déterminer les seuils de transition des risques. Il s’agissait notamment d’un processus d’élicitation à plusieurs tours comportant deux séries d’évaluations des seuils anonymes et indépendantes et’une discussion consensuelle finale. De plus amples renseignements sur les méthodes et la littérature scientifique sous-jacente se trouvent au chapitre 7, Documents supplémentaires.

ENCADRÉ RID.1 : Trajectoires communes d’évolution socio-économiques (SSP)

Dans ce rapport, les implications du développement socio-économique futur sur l’atténuation du changement climatique, l’adaptation et l’utilisation des terres sont explorées à l’aide de trajectoires communes d’évolution socio-économique (SSP). Les SSP couvrent toute une gamme de défis en matière d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ces changements.

La trajectoire SSP1 comprend un pic et un déclin de la population (~ 7 milliards en 2100), des revenus élevés et des inégalités réduites, une réglementation efficace de l’utilisation des terres, une consommation moins intensive en ressources, y compris les aliments produits dans des systèmes à faibles émissions de GES et moins de gaspillage alimentaire, le libre-échange et des technologies et modes de vie respectueux de l’environnement. Comparativement aux autres voies d’entrée, le SSP1 présente peu de défis en matière d’atténuation et peu de défis en matière d’adaptation (c.-à-d. a une capacité d’adaptation élevée).

La trajectoire SSP2 comprend une croissance démographique moyenne (~ 9 milliards en 2100), un revenu moyen ; le progrès technologique, les modes de production et de consommation s’inscrivent dans la continuité des tendances passées, et seule une réduction progressive des inégalités se produit. Comparativement aux autres trajectoires, le SSP2 présente des défis moyens en matière d’atténuation et des défis moyens en matière d’adaptation (c.-à-d. a une capacité d’adaptation moyenne).

La trajectoire SSP3 comprend une population élevée (~ 13 milliards en 2100), un faible revenu et des inégalités persistantes, une consommation et une production à forte intensité de matières premières, des obstacles au commerce et des changements technologiques lents. Comparativement aux autres trajectoires, le SSP3 présente des défis élevés en matière d’atténuation et d’adaptation (c.-à-d. a une faible capacité d’adaptation).

La trajectoire SSP4 comprend une croissance démographique moyenne (~ 9 milliards en 2100), un revenu moyen, mais des inégalités significatives au sein des régions et entre elles. Comparativement aux autres trajectoires, le SSP4 présente peu de défis en matière d’atténuation, mais beaucoup de défis en matière d’adaptation (c.-à-d. a une faible capacité d’adaptation).

La voie socio-économique SSP5 comprend un pic et un déclin de la population (~ 7 milliards en 2100), un revenu élevé, une réduction des inégalités et le libre-échange. Cette trajectoire comprend une production, une consommation et des modes de vie à forte intensité de ressources. Comparativement à d’autres trajectoires, le SSP5 présente des défis élevés en matière d’atténuation, mais peu de défis en matière d’adaptation (c.-à-d. a une capacité d’adaptation élevée).

Les SSP peuvent être combinés avec les Scénarios RCP (trajectoire du forçage radiatif) qui entraînent différents niveaux d’atténuation, avec des implications pour l’adaptation. Par conséquent, les SSP peuvent être compatibles avec différents niveaux d’élévation de la température moyenne de la surface du globe, tels que projetés par différentes combinaisons SSP-RCP. Cependant, certaines combinaisons SSP-RCP ne sont pas possibles ; par exemple, RCP2.6 et les niveaux les plus bas d’augmentation future de la température moyenne à la surface du globe (par exemple, 1,5 °C) ne sont pas possibles dans le SSP3 dans les trajectoires modélisées. {1.2.2, encadré 1 du chapitre 1, 6.1.4, encadré 9 du chapitre 6}


A 5. Le changement climatique crée des pressions supplémentaires sur les terres, exacerbant les risques existants pour les moyens de subsistance, la biodiversité, la santé humaine et la santé des écosystèmes, les infrastructures et les systèmes alimentaires (degré de confiance élevé). Des impacts croissants sur les terres sont prévus dans tous les scénarios d’émissions de GES futurs (degré de confiance élevé). Certaines régions seront confrontées à des risques plus élevés, tandis que d’autres seront confrontées à des risques qui n’étaient pas prévus auparavant (degré de confiance élevé). Les risques en cascade ayant des répercussions sur de multiples systèmes et secteurs varient également d’une région à l’autre (degré de confiance élevé). {2.2, 3.5, 4.2, 4.4, 4.7, 5.1, 5.2, 5.8, 6.1, 7.2, 7.3, encadré 9 du chapitre 6, figure RID.2}

A5.1. Avec l’augmentation du réchauffement, la fréquence, l’intensité et la durée des événements liés à la chaleur, y compris les vagues de chaleur, devraient continuer d’augmenter au cours du XXIe siècle (degré de confiance élevé). La fréquence et l’intensité des sécheresses devraient augmenter, en particulier dans la région méditerranéenne et en Afrique australe (degré de confiance moyen). La fréquence et l’intensité des précipitations extrêmes devraient augmenter dans de nombreuses régions (degré de confiance élevé). {2.2.5, 3.5.1, 4.2.3, 5.2}

A5.2. Avec l’augmentation du réchauffement, les zones climatiques devraient se déplacer davantage vers les pôles aux latitudes moyennes et élevées (degré de confiance élevé). Dans les régions des hautes latitudes, le réchauffement devrait accroître les perturbations dans les forêts boréales, y compris la sécheresse, les feux de forêt et les infestations de ravageurs (degré de confiance élevé). Dans les régions tropicales, selon les scénarios d’émissions de GES moyens et élevés, le réchauffement devrait entraîner l’émergence de conditions climatiques sans précédent [29] d’ici le milieu à la fin du XXIe siècle (degré de confiance moyen). {2.2.4, 2.2.5, 2.5.3, 4.3.2}

A5.3. Les niveaux actuels de réchauffement de la planète sont associés à des risques modérés liés à la raréfaction de l’eau dans les zones arides, à l’érosion des sols, à la perte de végétation, aux dommages causés par les incendies de forêt, au dégel du pergélisol, à la dégradation des côtes et au déclin du rendement des cultures tropicales (degré de confiance élevé). Les risques, y compris les risques en cascade, devraient devenir de plus en plus graves avec l’augmentation des températures. Avec environ 1,5 °C de réchauffement planétaire, les risques de pénurie d’eau dans les zones arides, de dommages causés par les incendies de forêt, de dégradation du pergélisol et d’instabilité des approvisionnements alimentaires devraient être élevés (degré de confiance moyen). À environ 2 °C de réchauffement climatique, les risques de dégradation du pergélisol et d’instabilité de l’approvisionnement alimentaire devraient être très élevés (degré de confiance moyen). En outre, à environ 3 °C de réchauffement planétaire, les risques de perte de végétation, de dommages causés par les incendies de forêt et par la rareté de l’eau dans les zones arides, devraient également être très élevés (degré de confiance moyen). Les risques liés à la sécheresse, au stress hydrique, aux événements liés à la chaleur tels que les vagues de chaleur et la dégradation de l’habitat augmentent simultanément entre 1,5 °C et 3 °C (degré de confiance faible). {figure RID.2, 7.2.2, encadré 9 du chapitre 6, ressources complémentaires du chapitre 7}

A5.4. La stabilité de l’approvisionnement alimentaire [30] devrait diminuer à mesure que l’ampleur et la fréquence des phénomènes météorologiques extrêmes qui perturbent les chaînes alimentaires augmenteront (degré de confiance élevé). L’augmentation des niveaux de CO2 dans l’atmosphère peut également réduire la qualité nutritionnelle des cultures (degré de confiance élevé). Dans la trajectoire SSP2, les modèles agricoles et économiques mondiaux prévoient une augmentation médiane de 7, 6 % (plage de 1 à 23 %) des prix des céréales en 2050 en raison du changement climatique (RCP6.0), entraînant une hausse des prix alimentaires et un risque accru d’insécurité alimentaire et de famine (degré de confiance moyen). Les personnes les plus vulnérables seront plus gravement touchées (degré de confiance élevé). {5.2.3, 5.2.4, 5.2.5, 5.8.1, 7.2.2.2, 7.3.1}

A5.5. Dans les zones arides, le changement climatique et la désertification devraient entraîner une baisse de la productivité des cultures et du bétail (degré de confiance élevé), modifier le mélange des espèces végétales et réduire la biodiversité (degré de confiance moyen). Dans le cadre de la trajectoire SSP2, la population des zones arides vulnérables au stress hydrique, à l’intensité de la sécheresse et à la dégradation de l’habitat devrait atteindre 178 millions de personnes d’ici 2050 à 1,5 °C de réchauffement, passant à 220 millions à 2 °C, et à 277 millions à 3 °C (degré de confiance faible). {3.5.1, 3.5.2, 3.7.3}

A5.6. L’Asie et l’Afrique [31] devraient compter le plus grand nombre de personnes vulnérables à une désertification accrue. L’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, la Méditerranée, l’Afrique australe et l’Asie centrale pourraient être de plus en plus touchées par les feux de forêt. Les régions tropicales et subtropicales devraient être les plus vulnérables à la baisse des rendements agricoles. La dégradation des sols résultant de la combinaison de l’élévation du niveau de la mer et de cyclones plus intenses devrait mettre en danger les vies et les moyens de subsistance dans les zones exposées aux cyclones (degré de confiance très élevé). Au sein des populations, les femmes, les très jeunes, les personnes âgées et les pauvres sont les plus exposés (degré de confiance élevé). {3.5.1, 3.5.2, 4.4, Table 4.1, 5.2.2, 7.2.2, encadré 3 du chapitre 2}

A5.7. Des changements dans le climat peuvent amplifier les migrations causées par l’environnement tant à l’intérieur des pays qu’au-delà des frontières (degré de confiance moyen), reflétant les multiples moteurs de la mobilité et les mesures d’adaptation disponibles (degré de confiance élevé). Des conditions météorologiques et climatiques extrêmes ou des événements à évolution lente peuvent entraîner une augmentation des déplacements, perturber les chaînes alimentaires, menacer les moyens de subsistance (degré de confiance élevé) et contribuer à exacerber les tensions liées aux conflits (degré de confiance moyen). {3.4.2, 4.7.3, 5.2.3, 5.2.4, 5.2.5, 5.8.2, 7.2.2, 7.3.1}

A5.8 La gestion non durable des terres a eu des impacts économiques négatifs (degré de confiance élevé). Le changement climatique devrait exacerber ces impacts économiques négatifs (degré de confiance élevé). {4.3.1, 4.4.1, 4.7, 4.8.5, 4.8.6, 4.9.6, 4.9.7, 4.9.8, 5.2, 5.8.1, 7.3.4, 7.6.1, encadré 10 du chapitre 7}

A6. Le niveau de risque posé par le changement climatique dépend à la fois du niveau de réchauffement et de l’évolution de la population, de la consommation, de la production, du développement technologique et des modes de gestion des terres (degré de confiance élevé). Les scénarios où la demande de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux et d’eau est plus forte, où la consommation et la production sont plus exigeantes en ressources et où les améliorations technologiques des rendements agricoles sont plus limitées entraînent des risques plus élevés de pénurie d’eau dans les zones arides, de dégradation des sols et d’insécurité alimentaire (degré de confiance élevé). {5.1.4, 5.2.3, 6.1.4, 7.2, encadré 9 du chapitre 6, figure RID.2b}

A6.1. L’augmentation prévue de la population et des revenus, conjuguée à l’évolution des modes de consommation, se traduira par une augmentation de la demande de denrées alimentaires, d’aliments pour animaux et d’eau en 2050 dans toutes les trajectoires SSPs (degré de confiance élevé). Ces changements, combinés aux pratiques de gestion des terres, ont des répercussions sur le changement d’usage des terres, l’insécurité alimentaire, la rareté de l’eau, les émissions terrestres de GES, le potentiel de piégeage du carbone et la biodiversité (degré de confiance élevé). Les trajectoires de développement par lesquelles les revenus augmentent et la demande de conversion des terres est réduite, que ce soit par la réduction de la demande agricole ou l’amélioration de la productivité, peuvent conduire à des réductions de l’insécurité alimentaire (degré de confiance élevé). Toutes les trajectoires socio-économiques futures évaluées entraînent une augmentation de la demande en eau et de la rareté de l’eau (degré de confiance élevé). Les trajectoires SSPs avec une plus grande expansion des terres cultivées entraînent des déclins plus importants de la biodiversité (degré de confiance élevé).

A6.2. Les risques liés à la rareté de l’eau dans les zones arides sont plus faibles dans les trajectoires à faible croissance démographique, à faible augmentation de la demande en eau et à forte capacité d’adaptation, comme dans la trajectoire commune d’évolution socio-économique 1 (SSP1) (voir encadré RID.1). Dans ces trajectoires, le risque de pénurie d’eau dans les zones arides est modéré, même avec un réchauffement planétaire de 3 °C (degré de confiance faible). En revanche, les risques liés à la rareté de l’eau dans les zones arides sont plus grands pour les trajectoires à forte croissance démographique, à forte vulnérabilité, à forte demande en eau et à faible capacité d’adaptation, comme la trajectoire SSP3. Dans la trajectoire SSP3, le passage d’un risque modéré à un risque élevé se produit entre 1,2 °C et 1,5 °C (degré de confiance moyen). {7.2, figure RID.2b, encadré RID.1}

A6.3. Les risques liés à la dégradation des sols due au changement climatique sont plus élevés dans les trajectoires où la population est plus nombreuse, le changement d’usage des sols accru, la capacité d’adaptation faible et qui présentent d’autres obstacles à l’adaptation (p. ex., la trajectoire SSP3). Ces trajectoires se traduisent par une augmentation du nombre de personnes exposées à la dégradation des écosystèmes, aux incendies et aux inondations côtières (degré de confiance moyen). En ce qui concerne la dégradation des sols, la transition projetée d’un risque modéré à un risque élevé se produit pour un réchauffement planétaire entre 1,8 °C et 2,8 °C dans la trajectoire SSP1 (degré de confiance faible) et entre 1,4 °C et 2 °C dans la trajectoire SSP3 (degré de confiance moyen). La transition projetée d’un risque élevé à un risque très élevé se situe entre 2,2 °C et 2,8 °C pour la trajectoire SSP3 (degré de confiance moyen). {4.4, 7.2, figure RID.2b}

A6.4. Les risques liés à la sécurité alimentaire sont plus grands dans les trajectoires où les revenus sont plus faibles, la demande alimentaire accrue, les prix alimentaires croissants en conséquence de la concurrence pour les terres, le commerce plus limité et qui présentent d’autres défis à l’adaptation (p. ex., la trajectoire SSP3) (degré de confiance élevé). Pour la sécurité alimentaire, le passage d’un risque modéré à un risque élevé se produit pour un réchauffement planétaire entre 2,5 °C et 3,5 °C dans la trajectoire SSP1 (degré de confiance moyen) et entre 1,3 °C et 1,7 °C dans la trajectoire SSP3 (degré de confiance moyen). Le passage d’un risque élevé à un risque très élevé se produit entre 2 °C et 2,7 °C pour la trajectoire SSP3 (degré de confiance moyen). {7.2, figure RID.2b}

A6.5 L’expansion urbaine devrait entraîner la conversion des terres cultivées, ce qui amenera des pertes dans la production alimentaire (degré de confiance élevé). Cela peut entraîner des risques supplémentaires pour le système alimentaire. Les stratégies de réduction de ces impacts peuvent inclure la production alimentaire urbaine et périurbaine et la gestion de l’expansion urbaine, ainsi que des infrastructures urbaines vertes qui peuvent réduire les risques climatiques dans les villes [32] (degré de confiance élevé). {4.9.1, 5.5, 5.6, 6.3, 6.4, 7.5.6} (figure RID3)

B. Options d’adaptation et d’atténuation

B.1. Parmi les mesures liées aux terres qui contribuent à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets, un grand nombre peut également lutter contre la désertification et la dégradation des terres, et améliorer la sécurité alimentaire. Le potentiel de ces mesures et leurs portées pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique dépendent du contexte, et en particulier des capacités d’adaptation des communautés et des régions. Si les mesures liées aux terres peuvent apporter une contribution importante à l’adaptation et à l’atténuation, il y a néanmoins des obstacles à l’adaptation et des limites à leur contribution à l’atténuation mondiale.

B1.1 Certaines mesures liées aux terres déjà mises en œuvre contribuent à l’adaptation au changement climatique, à l’atténuation de ses effets et au développement durable. Le présent rapport s’intéresse aux mesures dédiées à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets, à la lutte contre la désertification et contre la dégradation des terres, à la sécurité alimentaire et au développement durable. Certaines options répondent simultanément à l’ensemble de ces défis. Ces options comprennent, sans s’y limiter, la production alimentaire durable, la gestion améliorée et durable des forêts, la gestion du carbone organique des sols, la conservation et la restauration des écosystèmes, la réduction du déboisement et de la dégradation des forêts, la réduction des pertes et déchets alimentaires (degré de confiance élevé). Ces options d’intervention exigent l’intégration de facteurs biophysiques, socioéconomiques, entre autres facteurs déterminants. {6.3, 6.4.5 ; encadré 10 du chapitre 7}.

B1.2 Si certaines mesures ont un impact immédiat, d’autres mettent des décennies à produire des résultats mesurables. Par exemple, la conservation des écosystèmes à forte teneur en carbone tels que les tourbières, les zones humides, les parcours, les mangroves et les forêts a un impact immédiat. A l’inverse, le boisement et le reboisement ainsi que la restauration des écosystèmes à forte teneur en carbone, l’agroforesterie ou la régénération des sols dégradés mettent plus de temps à fournir des services et des fonctions écosystémiques. (degré de confiance élevé). {6.4.5 ; encadré 10 du chapitre 7}.

B1.3 Le succès de la mise en œuvre des options d’intervention dépend de la prise en compte des conditions environnementales et socioéconomiques locales. Certaines options telles que la gestion du carbone du sol peuvent s’appliquer à un large éventail de types d’usage des sols. En revanche, l’efficacité des pratiques de gestion des sols organiques, des tourbières et des zones humides, ainsi que celles liées aux ressources en eau douce, dépendent de conditions agro-écologiques spécifiques (degré de confiance élevé). Les options d’adaptation et d’atténuation et leurs obstacles dépendent du contexte environnemental et culturel aux niveaux régional et local (degré de confiance élevé). Cette dépendance vient, d’une part, de la nature spécifique des impacts du changement climatique sur les composantes du système alimentaire, et, d’autre part, des grandes variations entre agro-écosystèmes, Pour atteindre la neutralité en matière de dégradation des terres, il sera indispensable d’intégrer des réponses aux échelles locale, régionale et nationale, dans plusieurs secteurs (dont l’agriculture, les pâturages, les forêts et l’eau) (degré de confiance élevé). {4.8, 6.2, 6.3, 6.4.4}

B1.4. Les mesures liées aux terres qui permettent de séquestrer du carbone dans le sol ou la végétation (boisement, reboisement, agroforesterie, gestion du carbone dans les sols minéraux ou stockage du carbone dans les produits construits en bois), ne conservent pas le carbone indéfiniment (degré de confiance élevé). Les tourbières, cependant, peuvent continuer à séquestrer le carbone pendant des siècles (degré de confiance élevé). Lorsque les plantes atteignent leur maturité, ou lorsque la végétation et les réservoirs de carbone du sol s’approchent de la saturation, le flux annuel de CO2 extrait de l’atmosphère tend vers zéro, tandis que les stocks de carbone accumulés peuvent être maintenus (degré de confiance élevé). Cependant, ce carbone accumulé dans la végétation et les sols risque d’être rejeté ultérieurement (inversions des puits) sous l’effet de perturbations telles que des inondations, des sécheresses, des incendies, des épidémies de parasites ou une mauvaise gestion (degré de confiance élevé). {6.4.1}

B2. La plupart des options de réponse évaluées dans ce rapport contribuent positivement au développement durable et à d’autres objectifs sociétaux (degré de confiance élevé). De nombreuses mesures peuvent être appliquées simultanément, sans entrer en concurrence pour l’usage de terres, et ont un fort potentiel de synergies (degré de confiance élevé). Un autre ensemble de mesures pourrait réduire le besoin de terres : cela renforcerait le potentiel d’autres mesures pour l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets, la sécurité alimentaire et la lutte contre la désertification et la dégradation des terres (degré de confiance élevé). {4.8, 6.2, 6.3.6, 6.4.3 ; Figure RID.3}.

B2.1. Un certain nombre d’options de gestion des terres, comme l’amélioration de la gestion des terres cultivées et des pâturages, une gestion des forêts plus efficace et durable et l’augmentation de la teneur en carbone organique du sol, ne nécessitent pas de changement d’usage des terres et ne créent pas davantage de demande de conversion des terres (degré de confiance élevé). En outre, un certain nombre des mesures telles que l’augmentation de la productivité alimentaire, le changement de régime alimentaire, la réduction des pertes et des déchets alimentaires peuvent réduire la demande de conversion des terres. Cela pourrait permettre de libérer des terres et de créer des opportunités pour améliorer la mise en œuvre d’autres options d’intervention (degré de confiance élevé). Il existe des mesures qui réduisent la concurrence pour les terres. De telles mesures sont applicables à différentes échelles, de la ferme à la région (degré de confiance élevé). {4.8, 6.3.6, 6.4 ; Figure RID.3}.

B2.2. Un large éventail de mesures d’adaptation et d’atténuation peuvent contribuer de manière positive au développement durable, au renforcement des fonctions et services éco-systémiques et à d’autres objectifs sociétaux (degré de confiance moyen). Ces mesures incluent par exemple la préservation et la restauration d’écosystèmes naturels tels que les tourbières, les terres côtières et les forêts, mais aussi la conservation de la biodiversité, la réduction de la concurrence pour les terres, la gestion des incendies, la gestion des sols et la plupart des options de gestion des risques (par exemple, l’utilisation des semences locales, la gestion des risques de catastrophes, les instruments de partage des risques). Dans certains contextes, l’adaptation fondée sur les écosystèmes peut promouvoir la préservation de la nature tout en réduisant la pauvreté, et même procurer des avantages connexes en éliminant les gaz à effet de serre et en protégeant les moyens de subsistance (par exemple, les mangroves) (degré de confiance moyen). {6.4.3, 7.4.6.2}

B2.3. La plupart des mesures fondées sur la gestion des terres qui n’accroissent pas la concurrence pour les terres, et presque toutes les options fondées sur la gestion de la chaîne de valeur (par exemple choix de régime alimentaire, réduction des pertes après récolte, réduction du gaspillage alimentaire) et la gestion des risques, peuvent contribuer à éliminer la pauvreté et la faim tout en favorisant la bonne santé et le bien-être, l’accès à l’eau propre et à l’hygiène, les mesures climatiques et la biodiversité terrestre (degré de confiance moyen). {6.4.3}

B3. Bien que la plupart des options d’intervention puissent être appliquées sans se faire concurrence pour les terres disponibles, certaines peuvent accroître la demande de conversion des terres (degré de confiance élevé). A l’échelle requise pour atteindre un niveau de capture de carbone de plusieurs Gt de CO2 par an, cette demande accrue pourrait avoir des effets secondaires négatifs sur l’adaptation, la désertification, la dégradation des terres et la sécurité alimentaire (degré de confiance élevé). Si ces options sont mises en œuvre sur une part limitée des terres émergées et intégrées à des environnements gérés de manière durable, il y aura moins d’effets secondaires négatifs et certains avantages secondaires positifs pourront être obtenus (degré de confiance élevé). {4.5, 6.2, 6.4 ; encadré 7 du chapitre 6 ; Figure RID.3}

B3.1. S’ils sont appliqués à des échelles nécessaires pour éliminer plusieurs Gt de CO2 par an de l’atmosphère, le boisement, le reboisement et l’utilisation des terres pour fournir des matières premières pour la bioénergie (avec ou sans captage et stockage du carbone) ou pour le biochar, pourraient considérablement accroître la demande de conversion des terres (degré de confiance élevé). L’intégration dans des environnements gérés de manière durable à une échelle appropriée peut atténuer les impacts négatifs (degré de confiance moyen). Par contraste, la réduction de la conversion des prairies en terres cultivées, la restauration et la réduction de la conversion des tourbières, ainsi que la restauration et la réduction de la conversion des zones humides côtières ont des répercussions sur de plus petites surfaces à l’échelle mondiale, et les répercussions de ces options sur les changements d’utilisation des terres sont plus faibles, ou plus variables (degré de confiance élevé). {Encadré 7 du chapitre 6 ; 6.4 ; Figure RID.3}.

B3.2. Si les terres peuvent apporter une contribution précieuse à l’atténuation du changement climatique, il existe des limites au déploiement de mesures d’atténuation liées à l’usage des terres, telles que les cultures bioénergétiques ou le boisement. Une utilisation généralisée à l’échelle mondiale de plusieurs millions de km² pourrait accroître les risques de désertification et de dégradation des terres, et menacer la sécurité alimentaire et le développement durable (degré de confiance moyen). Appliquées sur une part limitée des terres émergées, les mesures d’atténuation qui se substituent à d’autres utilisations des terres ont moins d’effets secondaires négatifs et peuvent avoir des retombées positives dans les domaines de l’adaptation, la désertification, la dégradation des terres ou la sécurité alimentaire. (degré de confiance élevé) {4.2, 4.5, 6.4 ; encadré 7 du chapitre 6, figure RID.3}.

B3.3 La production et l’utilisation de la biomasse pour la bioénergie peuvent avoir des retombées positives, mais aussi des effets secondaires négatifs et représenter des risques pour la dégradation des terres, l’insécurité alimentaire, les émissions de GES ainsi que pour d’autres objectifs environnementaux et de développement durable (degré de confiance élevé). Ces impacts sont spécifiques au contexte et dépendent de l’échelle de déploiement, de l’utilisation initiale des terres, du type de terres, des matières premières bioénergétiques, des stocks de carbone initiaux, de la région climatique et du mode de gestion. D’autres mesures qui exigent elles aussi des terres peuvent avoir un éventail de conséquences similaire (degré de confiance élevé). L’utilisation de résidus et de déchets organiques comme matière première pour la bioénergie peut réduire les besoins de conversions de terres pour la bioénergie, mais les résidus sont limités. De plus, l’élimination des résidus qui seraient autrement laissés sur le sol pourrait entraîner une dégradation du sol (degré de confiance élevé). {2.6.1.5 ; encadré 7 du chapitre 6 ; Figure RID.3}.

B3.4. Dans les trajectoires socio-économiques avec une faible population, une réglementation efficace de l’utilisation des terres, des aliments produits dans des systèmes à faibles émissions de GES et des pertes et déchets alimentaires moindres (SSP1), la transition d’un risque faible à modéré pour la sécurité alimentaire, la dégradation des terres et la pénurie d’eau dans les terres arides se produit entre 1 et 4 millions de km² de bioénergie ou de BECCS (degré de confiance moyen). Par contre, dans les trajectoire à population élevée, à faible revenu et à faible taux de changement technologique (SSP3), la transition d’un risque faible à modéré se produit entre 0,1 et 1 million de km² (degré de confiance moyen). {6.4 ; encadré 7 du chapitre 6 ; tableau SM7.6 ; encadré RID.1}.

B4. De nombreuses activités de lutte contre la désertification peuvent contribuer à l’adaptation au changement climatique avec des co-bénéfices d’atténuation, ainsi qu’à arrêter la perte de biodiversité avec des retombées positives pour le développement durable pour la société (degré de confiance élevé). Éviter, limiter et inverser la désertification permettrait d’améliorer la fertilité des sols, d’accroître le stockage du carbone dans les sols et la biomasse, tout en favorisant la productivité agricole et la sécurité alimentaire (degré de confiance élevé). Il est préférable de prévenir la désertification plutôt que de tenter de restaurer les terres dégradées, en raison des risques résiduels et des résultats inadaptés que la restauration peut produire (degré de confiance élevé). {3.6.1, 3.6.2, 3.6.3, 3.6.4, 3.7.1, 3.7.2}

B4.1. Les solutions qui favorisent l’adaptation et à l’atténuation du changement climatique tout en contribuant à la lutte contre la désertification sont spécifiques à chaque site et région considérés, et comprennent entre autres : la collecte de l’eau et la micro-irrigation, la restauration des terres dégradées au moyen de plantes écologiquement appropriées et résistantes à la sécheresse, l’agroforesterie et d’autres pratiques agroécologiques ou adaptations écosystémiques (degré de confiance élevé). {3.3, 3.6.1, 3.7.2, 3.7.5, 5.2, 5.6}

B4.2. La réduction des tempêtes de poussière et de sable et des mouvements des dunes de sable peut atténuer les effets négatifs de l’érosion éolienne et avoir des impacts positifs sur la qualité de l’air et sur la santé (degré de confiance élevé). Selon les ressources en eau et les conditions du sol, les programmes de boisement, de plantation d’arbres et de restauration d’écosystèmes, qui visent la création de « murs verts » coupe-vent et de « barrages verts » utilisant des essences — indigènes ou non — résistantes au climat et ayant de faibles besoins en eau, peuvent réduire les tempêtes de sable, empêcher l’érosion éolienne et contribuer aux puits de carbone, tout en améliorant le microclimat, la nutrition des sols et la rétention d’eau (degré de confiance élevé). {3.3, 3.6.1, 3.7.2, 3.7.5}

B4.3. Les mesures de lutte contre la désertification peuvent favoriser la séquestration du carbone dans le sol (degré de confiance élevé). La restauration de la végétation naturelle et la plantation d’arbres sur des terres dégradées enrichissent, à long terme, le carbone du sol et du sous-sol (degré de confiance moyen). Les taux modélisés de séquestration du carbone après l’adoption de pratiques agricoles de conservation des sols dans les zones arides dépendent des conditions locales (degré de confiance moyen). Si le carbone du sol est relâche, il peut s’écouler une longue période avant que les stocks de carbone ne se reconstituent. {3.1.4, 3.3, 3.6.1, 3.6.3, 3.7.1, 3.7.2}

B4.4. L’élimination de la pauvreté et la garantie de la sécurité alimentaire peuvent bénéficier de l’application de mesures visant à promouvoir la neutralité en matière de dégradation des terres (en évitant, réduisant ou inversant la dégradation des terres) dans les prairies, les terres cultivées et les forêts. Ces mesure contribuent en effet à combattre la désertification, à s’adapter au changement climatique et à en atténuer les effets, dans le cadre du développement durable. Il s’agit notamment d’éviter la déforestation et de mener des pratiques locales adaptées, en particulier dans la gestion des pâturages et des incendies de forêt (degré de confiance élevé). {3.4.2, 3.6.1, 3.6.2, 3.6.3, 4.8.5}.

B4.5. A l’heure actuelle, on manque de connaissances sur les limites de l’adaptation et les risques d’une mauvaise adaptation aux effets combinés du changement climatique et de la désertification. En l’absence d’options d’adaptation nouvelles ou améliorées, les probabilités de risques résiduels et de résultats inadaptés sont élevées (degré de confiance élevé). Même lorsqu’il existe des solutions, les contraintes sociales, économiques et institutionnelles peuvent faire obstacle à leur mise en œuvre (degré de confiance moyen). Certaines options d’adaptation peuvent devenir inadaptées en raison de leur impact sur l’environnement, comme l’irrigation qui provoque la salinisation des sols ou le pompage excessif qui entraîne l’épuisement des eaux souterraines (degré de confiance moyen). Les formes extrêmes de désertification peuvent entraîner la perte totale de productivité des terres, limiter les options d’adaptation ou leur potentiel (degré de confiance élevé). {Chapitre 3 du résumé exécutif ; 3.6.4, 3.7.5, 7.4.9}.

B4.6. Le développement, la facilitation et la promotion de l’accès à des sources d’énergie et à des technologies plus propres peuvent contribuer à l’adaptation et à l’atténuation du changement climatique et à la lutte contre la désertification et la dégradation des forêts en réduisant l’utilisation de la biomasse traditionnelle comme source d’énergie et en augmentant la diversité de l’approvisionnement énergétique (degré de confiance moyen). Cela peut avoir des avantages socioéconomiques et sanitaires, en particulier pour les femmes et les enfants (degré de confiance élevé). L’efficacité des infrastructures d’énergie éolienne et solaire est reconnue ; cette efficacité peut être affectée dans certaines régions par les tempêtes de poussière et de sable (degré de confiance élevé). {3.5.3, 3.5.4, 4.4.4, 7.5.2, encadré 12 du chapitre 7}.

B5. La gestion durable des terres [33], y compris la gestion durable des forêts [34], peut prévenir et réduire la dégradation des terres, maintenir la productivité des terres et parfois inverser les effets néfastes du changement climatique sur la dégradation des terres (degré de confiance très élevé). Elle peut également contribuer à l’atténuation et à l’adaptation au changement climatique (degré de confiance élevé). La réduction et l’inversion de la dégradation des terres, à des échelles allant des fermes individuelles aux bassins versants, peuvent procurer des avantages rentables, immédiats et à long terme aux collectivités et appuyer plusieurs objectifs de développement durable (ODD) avec des avantages connexes pour l’adaptation (degré de confiance très élevé) et l’atténuation (grande confiance). Même avec la mise en œuvre d’une gestion durable des terres, les limites de l’adaptation peuvent être dépassées dans certaines situations (degré de confiance moyen). {1.3.2, 4.1.5, 4.8, tableau 4.2}

B5.1. La dégradation des terres dans les systèmes agricoles peut être combattue grâce à une gestion des terres durable d’un point de vue écologique et socio-économique. Une telle gestion permet également des retombées positives pour l’adaptation au changement climatique. Les options de gestion qui réduisent la vulnérabilité à l’érosion du sol et à la perte d’éléments nutritifs comprennent les cultures d’engrais verts, les cultures de couverture, la rétention des résidus de culture, le travail réduit ou nul du sol et le maintien de la couverture végétale par une meilleure gestion du pâturage (degré de confiance très élevé). {4.8}

B5.2. Les options suivantes ont également des avantages connexes en matière d’atténuation. Les systèmes agricoles tels que l’agroforesterie, les pâturages vivaces et l’utilisation de céréales vivaces peuvent réduire considérablement l’érosion et le lessivage des nutriments tout en accumulant du carbone dans le sol (degré de confiance élevé). Appliqués à 25 % des terres en culture, les couverts végétaux représentent un potentiel de capture de CO2 d’environ 0,44 +/— 0,11 Gt par an (degré de confiance élevé). L’application de certains biochars peut séquestrer le carbone (degré de confiance élevé) et améliorer l’état des sols dans certains types de sols/de climats (degré de confiance moyen). {4.8.1.1.1, 4.8.1.3, 4.9.2, 4.9.5, 5.5.1, 5.5.4 ; encadré 6 du chapitre 5.}

B5.3. La réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts réduit les émissions de GES (degré de confiance élevé), avec un potentiel technique d’atténuation estimé à 0,4-5,8 Gt de CO2 par an. En fournissant des moyens de subsistance à long terme aux communautés, la gestion durable des forêts peut réduire l’ampleur de la conversion des forêts à des utilisations non forestières (par exemple terres cultivées ou établissements humains) (degré de confiance élevé). Une gestion durable des forêts visant à fournir du bois, des fibres, de la biomasse, des ressources non ligneuses et d’autres fonctions et services écosystémiques, peut réduire les émissions de GES et contribuer à l’adaptation. (degré de confiance élevé). {2.6.1.2, 4.1.5, 4.3.2, 4.5.3, 4.8.1.3, 4.8.3, 4.8.4}

B5.4. La gestion durable des forêts peut maintenir ou améliorer les stocks de carbone forestier et maintenir les puits de carbone forestiers, notamment en transférant le carbone aux produits ligneux, ce qui permet de prévenir la saturation des puits (degré de confiance élevé). Lorsque le carbone du bois est transféré aux produits ligneux récoltés, ceux-ci peuvent stocker le carbone à long terme et remplacer les matériaux à forte intensité d’émissions, réduisant de ce fait les émissions dans d’autres secteurs (degré de confiance élevé). Lorsque la biomasse est utilisée pour produire de l’énergie, par exemple comme stratégie d’atténuation, le carbone est libéré plus rapidement dans l’atmosphère (degré de confiance élevé). {2.6.1, 2.7, 4.1.5, 4.8.4, 6.4.1, figure RID.3, encadré 7 du chapitre 6}

B5.5. Le changement climatique peut conduire à la dégradation des terres émergées, même avec la mise en œuvre de mesures visant à éviter, réduire ou inverser cette dégradation (degré de confiance élevé). Ces limites à l’adaptation sont dynamiques et spécifiques aux sites concernés. Elles sont déterminées par l’interaction entre les changements biophysiques et les conditions sociales et institutionnelles (degré de confiance très élevé). Dans certaines situations, le dépassement des seuils d’adaptation peut déclencher des pertes en cascade ou mener à des changements profonds indésirables (degré de confiance moyen), tels que des migrations forcées (degré de confiance faible), des conflits (degré de confiance faible) ou une augmentation de la pauvreté (degré de confiance moyen). Parmi les exemples de dégradation des terres induite par le changement climatique au delà des seuils d’adaptation, on peut citer l’érosion côtière exacerbée par l’élévation du niveau de la mer lorsque les terres disparaissent (degré de confiance élevé), le dégel du pergélisol qui affecte les infrastructures et les moyens de subsistance (degré de confiance moyen) et l’érosion extrême des sols entraînant une perte de capacité productive (degré de confiance moyen). {4.7, 4.8.5, 4.8.6, 4.9.6, 4.9.7, 4.9.8}

B6. Les mesures envisageables sur l’ensemble du système alimentaire, de la production à la consommation, y compris les pertes et les déchets alimentaires, peuvent être déployées et amplifiées pour favoriser l’adaptation et l’atténuation (degré de confiance élevé). Le potentiel technique total d’atténuation découlant des activités de culture et d’élevage et de l’agroforesterie est estimé entre 2, 3 et 9, 6 Gt de CO2e par an d’ici 2050 (degré de confiance moyen). Le potentiel technique total d’atténuation lié aux changements de régimes alimentaires est estimé à 0,7-8 Gt de CO2e par an d’ici 2050 (degré de confiance moyen). {5.3, 5.5, 5.6}

B6.1. Parmi les pratiques qui contribuent à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets sur les terres cultivées, on trouve : l’augmentation de la matière organique des sols, la lutte contre l’érosion, l’amélioration de la gestion des engrais, l’amélioration de la gestion des cultures, par exemple la gestion des rizières, et l’utilisation de variétés et d’améliorations génétiques permettant la tolérance à la chaleur et à la sécheresse. Pour le bétail, les options comprennent : une meilleure gestion des pâturages, une meilleure gestion des déjections, un aliment de meilleure qualité, l’élevage sélectif et l’amélioration génétique des animaux. Différents systèmes agricoles et pastoraux peuvent permettre de réduire l’intensité des émissions liées aux élevages. Selon les systèmes agricoles et pastoraux et le niveau de développement, la réduction de l’intensité des émissions liées aux élevages peut entraîner une réduction absolue des émissions de GES (degré de confiance moyen). De nombreuses options liées à l’élevage peuvent renforcer la capacité d’adaptation des communautés rurales, en particulier pour les exploitations de petites tailles ou les élevages extensifs. Il existe d’importantes synergies entre l’adaptation et l’atténuation, par exemple dans les stratégies de gestion durable des terres (degré de confiance élevé). {4.8, 5.3.3, 5.5.1, 5.6}

B6.2. La diversification des systèmes alimentaires (par exemple la mise en œuvre de systèmes de production intégrés, de ressources génétiques généralisées et de régimes alimentaires spécifiques) peut réduire les risques liés aux changements climatiques (degré de confiance moyen). Les régimes alimentaires équilibrés, qui comprennent des aliments d’origine végétale, comme ceux à base de céréales secondaires, de légumineuses, de fruits et légumes, de fruits à coque et de graines, et des aliments d’origine animale produits dans des systèmes résilients, durables et à faibles émissions de GES, offrent de grandes possibilités d’adaptation et d’atténuation tout en générant des avantages secondaires importants pour la santé humaine (degré de confiance élevé). D’ici 2050, les changements de régimes alimentaires pourraient libérer plusieurs millions de km² (degré de confiance moyen) de terres et offrir un potentiel technique d’atténuation de 0,7 à 8,0 Gt de CO2e par an, par rapport aux projections sans modification des habitudes (degré de confiance élevé). Les transitions vers des régimes alimentaires à faibles émissions de GES peuvent être impactées par des pratiques de production locales, des obstacles techniques et financiers, et des moyens de subsistance et habitudes culturelles associés (degré de confiance élevé). {5.3, 5.5.2, 5.5, 5.6}

B6.3. La réduction des pertes et des déchets alimentaires peut baisser les émissions de GES et contribuer à l’adaptation en diminuant la surface de terre nécessaire à la production alimentaire (degré de confiance moyen). Au cours de la période 2010-2016, les pertes et les déchets alimentaires mondiaux ont contribué pour 8 à 10 % aux émissions anthropiques totales de GES (degré de confiance moyen). Actuellement, 25 à 30 % de la production alimentaire totale est perdue ou gaspillée (degré de confiance moyen). Des options techniques telles que l’amélioration des techniques de récolte, l’entreposage à la ferme, les infrastructures, le transport, l’emballage, la vente au détail et l’éducation peuvent réduire les pertes et les déchets alimentaires tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Les causes des pertes et des déchets alimentaires diffèrent considérablement entre pays développés et pays en développement, ainsi qu’entre régions (degré de confiance moyen). {5.5.2} D’ici 2050, la réduction des pertes et des déchets alimentaires peut libérer plusieurs millions de km² de terres (degré de confiance faible). {6.3.6}

B7. L’utilisation future des terres émergées dépend, en partie, de nos objectifs climatiques et des réponses choisies pour l’atteindre (degré de confiance élevé). Tous les scénarios étudiés dans ce rapport qui limitent le réchauffement à 1,5 °C ou bien en dessous de 2 °C nécessitent des mesures d’atténuation basées sur l’usage des sols et des changements d’usage des terres, la plupart comprenant différentes combinaisons de reboisement, de boisement, de réduction de la déforestation et de bioénergie (degré de confiance élevé). Un petit nombre de scénarios modélisés atteignent 1,5 °C avec un changement d’usage des sols limité (degré de confiance élevé) et, par conséquent, un impact réduit sur la désertification, la dégradation des terres et la sécurité alimentaire (degré de confiance moyen). {2.6, 6.4, 7.4, 7.6 ; encadré 9 du chapitre 6 ; Figure RID.4}.

B7.1. Les scénarios modélisés qui limitent le réchauffement climatique à 1,5 °C [35] comprennent plus d’options d’atténuation liées à l’usage des sols que les scénarios au réchauffement plus élevé (degré de confiance élevé) ; mais les impacts du changement climatique sur les écosystèmes terrestres dans ces scénarios sont moins sévères (degré de confiance moyen). {2.6, 6.4, 7.4, encadré 9 du chapitre 6, figure RID.2, figure RID.4}.

B7.2. Les scénarios modélisés limitant le réchauffement climatique à 1,5 °C et 2 °C prévoient une évolution de la superficie forestière comprise entre une réduction de 2 millions de km² et une augmentation de 12 millions de km² en 2050 par rapport à 2010 (degré de confiance moyen). Les scénarios à 3 °C prévoient des zones forestières plus petites, allant d’une réduction de 4 millions de km² à une augmentation de 6 millions de km² (degré de confiance moyen). {2.5, 6.3, 7.3, 7.5 ; encadré 9 du chapitre 6 ; figure RID.3, figure RID.4}.

B7.3. La superficie nécessaire à la bioénergie dans les scénarios modélisés varie considérablement selon les choix socio-économiques, le niveau de réchauffement, le choix des matières premières et le système de production (degré de confiance élevé). Les scénarios modélisés limitant le réchauffement climatique à 1,5 °C utilisent jusqu’à 7 millions de km² pour la bioénergie en 2050 ; la surface terrestre pour la bioénergie est plus petite dans les scénarios à 2 °C (0,4 à 5 millions de km²) et 3 °C (0,1 à 3 millions de km²) (degré de confiance moyen). Les scénarios à hauts niveaux de changement d’usage des sols peuvent avoir des effets secondaires négatifs sur la rareté de l’eau, la biodiversité, la dégradation des sols, la désertification et la sécurité alimentaire, si elles ne sont pas correctement et soigneusement gérées. A contrario, la mise en œuvre des meilleures pratiques à des échelles appropriées peut avoir des co-bénéfices, tels que la gestion de la salinité des terres arides, un contrôle biologique et une biodiversité renforcés et une séquestration de carbone des sols améliorée (degré de confiance élevé). {2.6, 6.1, 6.4, 7.2 ; encadré 7 du chapitre 6, figure RID.3}.

B7.4. La plupart des scénarios d’atténuation comprennent un déploiement important de technologies de bioénergies. Un petit nombre des scénarios étudiés limitent le réchauffement à 1,5 °C avec une dépendance réduite à la bioénergie, avec ou sans capture et séquestration du carbone (BECCS) (superficie inférieure à 1 million de km² en 2050) et aux autres techniques d’élimination du dioxyde de carbone (CDR) (degré de confiance élevé). Ces scénarios dépendent — encore plus que les autres scénarios à 1,5 °C — des transitions rapides et profondes dans les domaines de l’énergie, du sol, des systèmes urbains et des infrastructures, ainsi que des changements de comportement et de mode de vie. {2.6.2, 5.5.1, 6.4, encadré 7 du chapitre 6}

B7.5. Ces scénarios ne tiennent pas compte des conséquences du changement climatique sur les terres, ni de l’effet fertilisant du CO2. De plus, ces scénarios ne comprennent qu’un sous-ensemble des mesures évaluées dans le présent rapport (degré de confiance élevé). La prise en compte dans les modélisations d’options d’intervention supplémentaires pourrait réduire le besoin prévu en bioénergie ou en CDR qui augmentent la demande de terres. {6.4.4, encadré 9 du chapitre 6}.

Contribution mondiale potentielle des options de réponse à l’atténuation, à l’adaptation, à la lutte contre la désertification et la dégradation des terres, et au renforcement de la sécurité alimentaire

Le panneau A montre les options d’intervention qui peuvent être mises en œuvre sans ou avec une concurrence limitée pour les terres, y compris certaines qui ont le potentiel de réduire la demande de terres. Les co-bénéfices et les effets secondaires indésirables sont présentés quantitativement sur la base de la valeur la plus élevée de l’intervalle des options évaluées. L’ampleur des contributions est classée en fonction de seuils pour les impacts positifs ou négatifs. Les lettres à l’intérieur des cellules indiquent la confiance dans l’ampleur de l’impact par rapport aux seuils utilisés (voir la légende). La confiance à l’égard de l’impact du changement est généralement plus élevé.

Erreur lors de la création de la miniature : Impossible d'enregistrer la vignette sur la destination

Contribution mondiale potentielle des options de réponse à l’atténuation et à l’adaptation, luttant contre la désertification et la dégradation des terres, et renforçant la sécurité alimentaire

Le panneau B montre les options de réponse qui dépendent d’un changement d’affectation des terres supplémentaire et qui pourraient avoir des implications sur trois ou plus de trois défis fonciers dans des contextes de mise en œuvre différents. Pour chaque option, la première ligne (mise en œuvre de haut niveau) présente une évaluation quantitative (comme dans le panel A) des implications pour la mise en œuvre à l’échelle mondiale à des échelles d’élimination du CO2 de plus de 3 GtCO2 par an en utilisant les seuils de magnitude indiqués dans le panneau A. Les cellules rouges hachurées indiquent une pression croissante mais des impacts non quantifiés. Pour chaque option, la deuxième ligne (mise en œuvre des meilleures pratiques) présente des estimations qualitatives de l’impact si elles sont mises en œuvre à l’aide des meilleures pratiques dans des systèmes de gestion des terres qui permettent une utilisation efficace et durable des ressources et sont soutenues par des mécanismes de gouvernance appropriés. Dans ces évaluations qualitatives, le vert indique un impact positif, le gris indique une interaction neutre.

Erreur lors de la création de la miniature : Impossible d'enregistrer la vignette sur la destination

Figure RID.3 Contribution mondiale potentielle des options de réponse à l’atténuation, à l’adaptation, à la lutte contre la désertification et la dégradation des sols et à l’amélioration de la sécurité alimentaire.

Cette figure se base sur une agrégation d’informations provenant d’études comportant une grande variété d’hypothèses sur la façon dont les options de réponse sont mises en œuvre et sur les contextes dans lesquels elles se produisent. Des options d’intervention mises en œuvre différemment localement ou mondialement pourraient donner des résultats différents. Ampleur du potentiel : Pour le panel A, les magnitudes concernent le potentiel des options de réponse à l’échelle mondiale. Pour chaque défi concernant l’usage des terres, les magnitudes sont établies par rapport à un niveau de référence décrit ci-après. Pour l’atténuation, les potentiels sont établis par rapport aux potentiels approximatifs des options de réponse ayant les impacts individuels les plus importants (~3 Gt de CO2e par an). Le seuil pour la catégorie des « grandes » magnitudes est fixé à ce niveau. Pour l’adaptation, les magnitudes sont fixées par rapport aux 100 millions de vies qui, selon les estimations, seraient affectées par le changement climatique et une économie basée sur le carbone entre 2010 et 2030. Le seuil de la catégorie des « grandes » magnitudes représente 25 % de ce total. En ce qui concerne la désertification et la dégradation des terres, les magnitudes sont fixées par rapport à la limite inférieure des estimations actuelles des terres dégradées, soit 10 à 60 millions de km². Le seuil pour la catégorie des « grandes » magnitudes représente 30 % de l’estimation la plus faible. Pour la sécurité alimentaire, les amplitudes sont définies par rapport aux 800 millions de personnes qui sont actuellement sous-alimentées. Le seuil de la catégorie des « grandes » amplitudes représente 12, 5 % de ce total.

Pour le panel B, pour la première colonne (haut niveau de mise en œuvre) pour chaque option de réponse, la magnitude et les seuils sont tels que définis pour le panel A. Dans la deuxième colonne (mise en œuvre des meilleures pratiques) pour chaque option de réponse, les évaluations qualitatives en vert indiquent des impacts potentiels positifs, et celles en gris indiquent des interactions neutres. On suppose que l’augmentation de la production alimentaire passe par une intensification durable plutôt que par l’application inconsidérée d’intrants externes supplémentaires tels que les produits agrochimiques. Niveaux de confiance : Confiance dans l’amplitude (élevée, moyenne ou faible) à laquelle chaque option est reliée, pour l’atténuation, l’adaptation, la lutte contre la désertification et la dégradation des terres et l’amélioration de la sécurité alimentaire. Un niveau de confiance élevé signifie qu’il y a un niveau élevé d’accord et de preuves dans la littérature scientifique pour appuyer la catégorisation en tant que magnitude élevée, moyenne ou faible. Un faible niveau de confiance indique que la catégorisation est basée sur un petit nombre d’études. Un niveau de confiance moyen reflète des preuves moyennement nombreuses et un degré d’accord moyen sur l’ampleur de la réponse. Fourchettes de coûts : Les estimations des coûts sont fondées sur l’agrégation d’études souvent régionales et varient dans les composantes des coûts qui sont incluses. Dans le panel B, les estimations de coûts ne sont pas fournies pour la mise en œuvre des meilleures pratiques. Une pièce indique un coût faible (<10$ par tonne de CO2 équivalent ou < 20$ par hectare), deux pièces indiquent un coût moyen (10 à 100 $ par tonne de CO2 équivalent ou 20 à 200$ par hectare) et trois pièces un coût élevé (> 100 $ par tonne de CO2 équivalent ou >200 par hectare). Les seuils en $ par hectare sont choisis pour être comparables, mais les conversions précises dépendront de l’option de réponse. Eléments de preuves : Les éléments probants appuyant les estimations du potentiel quantitatif des options d’intervention fondées sur la gestion des terres sont les suivants : pour l’atténuation, tableaux 6.13 à 6.20, avec plus d’éléments en section 2.7.1 ; pour l’adaptation, tableaux 6.21 à 6.28 ; pour la lutte contre la désertification, tableaux 6.29 à 6.36, avec plus d’éléments au chapitre 3 ; pour la lutte contre la dégradation, tableaux 6.37 à 6.44, avec plus d’éléments au chapitre 4 ; pour l’amélioration de la sécurité alimentaire, tableaux 6.45 à 6.52, avec plus d’éléments au chapitre 5. D’autres synergies et compromis qui ne sont pas présentés ici sont examinés au chapitre 6. Les tableaux 6.6, 6.55, 6.56 et 6.58, la section 6.3.5.5.1.3 et l’encadré 6.1c présentent d’autres éléments à l’appui des évaluations qualitatives de la deuxième colonne pour chaque option du tableau B.

C. Permettre des options de réponse

C1. Une conception appropriée des politiques, des institutions et des systèmes de gouvernance à toutes les échelles peut contribuer à l’adaptation au changement climatique et à l’atténuation de ses effets tout en facilitant la recherche de voies de développement adaptées au climat (degré de confiance élevé). Des politiques climatiques et territoriales qui se soutiennent mutuellement ont le potentiel d’économiser les ressources, d’amplifier la résilience sociale, de soutenir la restauration écologique et de favoriser l’engagement et la collaboration entre de multiples intervenants (degré de confiance élevé). Figure RID.1, Figure RID.2, Figure RID.3 ; 3.6.2, 3.6.3, 4.8, 4.9.4, 5.7, 6.3, 6.4, 7.2.2, 7.3, 7.4, 7.4.7, 7.4.8, 7.5, 7.5.5, 7.5.5, 7.5.6, 7.6.6 ; Encadré 10 du chapitre 7}

C1.1 Le zonage de l’usage des terres, l’aménagement du territoire, l’aménagement intégré du paysage, la réglementation, les incitations (telles que la rémunération des services écosystémiques) et les instruments volontaires ou persuasifs (tels que la planification environnementale des exploitations agricoles, les normes et la certification pour une production durable, une utilisation des connaissances scientifiques, locales et autochtones et des actions collectives), peuvent apporter des résultats positifs en matière d’adaptation et d’atténuation (degré de confiance moyen). Ils peuvent également générer des revenus et fournir des incitations à la réhabilitation des terres dégradées et à l’adaptation au changement climatique et à son atténuation dans certains contextes (degré de confiance moyen). Les politiques visant à promouvoir l’objectif de neutralité en matière de dégradation des sols peuvent également favoriser la sécurité alimentaire, le bien-être humain et l’adaptation aux changements climatiques et leur atténuation (degré de confiance élevé). Figure RID.2 ; 3.4.2, 4.1.6, 4.7, 4.8.5, 5.1.2, 5.7.3, 7.3, 7.4.6, 7.4.7 et 7.5.}

C1.2 La précarité du système foncier affecte la capacité des personnes, des communautés et des organisations à apporter des changements aux terres qui peuvent favoriser l’adaptation et l’atténuation (degré de confiance moyen). La reconnaissance limitée de l’accès coutumier à la terre et de la propriété foncière peut entraîner une vulnérabilité accrue et une capacité d’adaptation réduite (degré de confiance moyen). Les politiques foncières (y compris la reconnaissance des droits coutumiers, la cartographie communautaire, la redistribution, la décentralisation, la cogestion, la réglementation des marchés locatifs) peuvent apporter à la fois sécurité et souplesse face au changement climatique (degré de confiance moyen). 3.6.1, 3.6.2, 5.3, 7.2.4, 7.6.4, encadré 6 du chapitre 5.

C1.3. Atteindre l’objectif de neutralité en ce qui concerne la dégradation des sols implique un équilibre entre les mesures évitant ou réduisant la dégradation des sols, grâce à l’adoption d’une gestion durable des terres, et les mesures visant à inverser la dégradation par la remise en état et la restauration des terres dégradées. De nombreuses mesures visant à parvenir à la neutralité en matière de dégradation des sols offrent aussi, généralement, des avantages pour l’adaptation et l’atténuation du changement climatique. La recherche de la neutralité en matière de dégradation des sols incite à s’attaquer simultanément à la dégradation des terres et au changement climatique (degré de confiance élevé). {4.5.3, 4.8.5, 4.8.7, 7.4.5}

C1.4. En raison de la complexité des défis et de la diversité des acteurs impliqués dans la résolution des problèmes évoqués dans ce rapport, une combinaison de politiques, plutôt que des approches politiques uniques, peut donner de meilleurs résultats pour relever les défis complexes de la gestion durable des terres et du changement climatique (degré de confiance élevé). Les combinaisons de politiques peuvent fortement réduire la vulnérabilité et l’exposition des systèmes humains et naturels au changement climatique (degré de confiance élevé). Les éléments de ces combinaisons de politiques peuvent inclure les systèmes d’assurance météorologique et d’assurance maladie, la protection sociale et les filets de sécurité adaptatifs, le financement conditionnel et les fonds de réserve, l’accès universel aux systèmes d’alerte précoce combiné à des plans d’urgence efficaces (degré de confiance élevé). 1.2, 4.8, 4.9.2, 5.3.2, 5.6, 5.6.6, 5.6.6, 5.7.2, 7.3.2, 7.4, 7.4.2, 7.4.6, 7.4.7, 7.4.8, 7.5.5, 7.5.6, 7.6.4, figure RID.4

C2. Les politiques qui s’appliquent à l’ensemble du système alimentaire, y compris celles qui réduisent le gaspillage et la perte alimentaire et influencent les choix alimentaires, permettent une gestion plus durable de l’utilisation des sols, de consolider la sécurité alimentaire et des trajectoires à faibles émissions (degré de confiance élevé). Ces politiques peuvent contribuer à l’adaptation au changement climatique et à son atténuation, à réduire la dégradation des sols, la désertification et la pauvreté ainsi qu’à améliorer la santé publique (degré de confiance élevé). L’adoption d’une gestion durable des terres et l’éradication de la pauvreté peuvent être rendues possibles par l’amélioration de l’accès aux marchés, la sécurisation des droits fonciers, la prise en compte des coûts environnementaux dans l’alimentation, la rémunération des services rendus par les écosystèmes et le renforcement de l’action collective locale et communautaire (degré de confiance élevé). {1.1.2, 1.2.1, 3.6.3, 4.7.1, 4.7.2, 4.8, 5.5, 6.4, 7.4.6, 7.6.5}

C2.1. Les politiques qui permettent et encouragent la gestion durable des terres pour l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets comprennent l’amélioration de l’accès aux marchés pour les intrants, les produits et les services financiers, l’autonomisation des femmes et des peuples autochtones, le renforcement de l’action collective locale et communautaire, la réforme des subventions et la promotion d’un système commercial favorable (degré de confiance élevé). Les efforts de restauration et de remise en état des terres peuvent être plus efficaces lorsque les politiques soutiennent la gestion locale des ressources naturelles, tout en renforçant la coopération entre les acteurs et les institutions, y compris au niveau international. {3.6.3, 4.1.6, 4.5.4, 4.8.2, 4.8.4, 5.7, 7.2}

C2.2. Répercuter les coûts environnementaux des pratiques agricoles qui dégradent les terres peut encourager une gestion plus durable des terres (degré de confiance élevé). Les obstacles à la prise en compte des coûts environnementaux découlent des difficultés techniques liées à l’estimation de ces coûts et de ceux incorporés dans les aliments. 3.6.3, 5.5.1, 5.5.1, 5.5.2, 5.6.6, 5.7, 7.4.4, case 10 du chapitre 7}.

C2.3. L’adaptation et l’amélioration de la résilience aux événements extrêmes ayant une incidence sur les systèmes alimentaires peuvent être facilitées par une stratégie de gestion globale des risques, qui inclut des mécanismes de partage et de transfert des risques (degré de confiance élevé). La diversification de l’agriculture, l’élargissement de l’accès aux marchés et la préparation à une perturbation accrue de la chaîne d’approvisionnement peuvent favoriser la montée de l’adaptation dans les systèmes alimentaires (degré de confiance élevé). {5.3.2, 5.3.3, 5.3.5}

C2.4. Les politiques de santé publique visant à améliorer la nutrition, telles que l’augmentation de la diversité des sources alimentaires dans les marchés publics, l’assurance maladie, les incitations financières et les campagnes de sensibilisation, peuvent potentiellement influencer la demande alimentaire, réduire les coûts de santé, contribuer à réduire les émissions de GES et renforcer la capacité d’adaptation (degré de confiance élevé). Influencer la demande de denrées alimentaires, en promouvant des régimes alimentaires fondés sur des directives de santé publique, peut permettre une gestion plus durable des terres et contribuer à la réalisation de multiples Objectifs de Développement Durable (degré de confiance élevé). {3.4.2, 4.7.2, 5.1, 5.7, 6.3, 6.4}

C 3. Reconnaître les retombées positives et les compromis lors de la conception des politiques foncières et alimentaires peut permettre de surmonter les obstacles à leur mise en œuvre (degré de confiance moyen). Une gouvernance renforcée à plusieurs niveaux, hybride et intersectorielle, ainsi que des politiques élaborées et adoptées de manière itérative, cohérente, adaptative et flexible, peuvent maximiser les retombées positives et minimiser les compromis, étant donné que les décisions de gestion des terres sont prises au niveau de l’exploitation agricole mais aussi à l’échelle nationale, et que les politiques climatiques et foncières varient souvent entre plusieurs secteurs, départements et organismes (degré de confiance élevé). Figure RID.3 ; 4.8.5, 4.9, 5.6, 6.4, 7.3, 7.4.6, 7.4.8, 7.4.9, 7.5.6, 7.6.2}.

C3.1. La lutte contre la désertification, la dégradation des sols et la sécurité alimentaire de manière intégrée, coordonnée et cohérente peut contribuer à un développement résilient au climat et apporter de nombreuses retombées positives potentielles (degré de confiance élevé). {3.7.5, 4.8, 5.6, 5.7, 6.4, 7.2.2, 7.3.1, 7.3.4, 7.4.7, 7.4.8, 7.5.6, 7.5.5}

C3.2. Les obstacles technologiques, biophysiques, socio-économiques, financiers et culturels peuvent limiter l’adoption de nombreuses options pour les terres, tout comme l’incertitude quant aux avantages (degré de confiance élevé). De nombreuses pratiques de gestion durable des terres ne sont pas largement adoptées en raison de la précarité du système foncier, du manque d’accès aux ressources et aux services de conseils agricoles, de l’insuffisance et de l’inégalité des incitations privées et publiques et du manque de connaissances et d’expérience pratique (degré de confiance élevé). Le discours public, des interventions politiques soigneusement conçues, qui intègrent l’apprentissage social et les changements du marché peuvent, ensemble, contribuer à réduire les obstacles à la mise en œuvre (degré de confiance moyen). {3.6.1, 3.6.2, 5.3.5, 5.5.2, 5.6, 6.2, 6.4, 7.4, 7.5, 7.6}

C3.3. Les secteurs foncier et alimentaire sont confrontés à des défis particuliers de fragmentation institutionnelle et souffrent souvent d’un manque d’engagement entre les parties prenantes à différentes échelles et d’objectifs politiques rigoureux et précis (degré de confiance moyen). La coordination avec d’autres secteurs, comme la santé publique, les transports, l’environnement, l’eau, l’énergie et les infrastructures, peut accroître les retombées positives, comme la réduction des risques et l’amélioration de la santé (degré de confiance moyen). {5.6.3, 5.7, 6.2, 6.4.4, 7.1, 7.3, 7.4.8, 7.6.2, 7.6.3}

C3.4. Certaines options et mesures politiques peuvent entraîner des compromis, y compris des impacts sociaux, des dommages aux fonctions et services écosystémiques, l’épuisement de l’eau ou des coûts élevés, qui ne peuvent être bien gérés, même avec les meilleures pratiques institutionnelles (degré de confiance moyen). Mettre en évidence de tels compromis permet d’éviter une mauvaise adaptation (degré de confiance moyen). L’anticipation et l’évaluation des compromis potentiels et des lacunes dans les connaissances appuient l’élaboration de politiques fondées sur des données probantes afin d’évaluer les coûts et les avantages de réponses spécifiques pour différentes parties prenantes (degré de confiance moyen). Une gestion réussie des compromis implique souvent de maximiser l’apport des parties prenantes grâce à des processus de rétroaction structurés, en particulier dans les modèles communautaires, l’utilisation de forums novateurs comme des dialogues gérés par un modérateur ou une cartographie spatialement explicite, et une gestion adaptative itérative qui permet de réajuster continuellement les politiques à mesure que de nouveaux éléments probants apparaissent (degré de confiance moyen). 5.3.5, 6.4.2, 6.4.4, 6.4.4, 6.4.5, 7.5.6 ; encadré 13 du chapitre 7.

C 4. L’efficacité de la prise de décisions et de la gouvernance est renforcée par la participation des parties prenantes locales (en particulier celles qui sont les plus vulnérables au changement climatique, notamment les populations autochtones et les communautés locales, les femmes, les pauvres et les marginalisés) au choix, à l’évaluation, à la mise en œuvre et au suivi des instruments politiques d’adaptation des terres au changement climatique et d’atténuation de ses effets (degré de confiance élevé). L’intégration entre les secteurs et les échelles augmente les chances de maximiser les retombées positives et de minimiser les compromis (degré de confiance moyen). 1.4, 3.1, 3.6, 3.7, 4.8, 4.9, 5.1.3, encadré 5.1, 7.4, 7.6.

C4.1. La mise en œuvre réussie de pratiques de gestion durable des terres exige la prise en compte des conditions environnementales et socio-économiques locales (degré de confiance très élevé). La gestion durable des terres dans le contexte du changement climatique est généralement favorisée par la participation de toutes les parties prenantes concernées à l’identification des pressions et des impacts liés à l’usage des terres (tels que le déclin de la biodiversité, la perte des sols, la surextraction des eaux souterraines, la perte d’habitat, le changement d’usage des terres en agriculture, dans la production alimentaire et la foresterie) ainsi que la prévention, la réduction et la restauration des sols dégradés (degré de confiance moyen). {1.4.1, 4.1.6, 4.8.7, 5.2.5, 7.2.4, 7.6.2, 7.6.4}

C4.2. L’inclusivité dans l’évaluation, l’établissement de rapports et la vérification de l’efficacité des instruments politiques peut améliorer la gestion durable des terres (degré de confiance moyen). Impliquer les parties prenantes dans le choix des indicateurs, la collecte des données climatiques, la modélisation des sols et l’aménagement du territoire, sert de médiateur et facilite la planification intégrée du paysage et le choix des politiques (degré de confiance moyen). {3.7.5, 5.7.4, 7.4.1, 7.4.4, 7.5.3, 7.5.4, 7.5.5, 7.6.4, 7.6.6}

C4.3. Les pratiques agricoles qui intègrent les savoirs autochtones et locaux peuvent contribuer à surmonter les défis conjoints du changement climatique, de la sécurité alimentaire, de la conservation de la biodiversité et de la lutte contre la désertification et la dégradation des terres (degré de confiance élevé). L’action coordonnée d’une série d’acteurs, notamment les entreprises, les producteurs, les consommateurs, les gestionnaires fonciers et les décideurs, en partenariat avec les peuples autochtones et les communautés locales, permet de créer les conditions nécessaires à l’adoption de mesures (degré de confiance élevé) {3.1.3, 3.6.1, 3.6.2, 4.8.2, 5.5.1, 5.6.4, 5.7.1, 5.7.4, 6.2, 7.3, 7.4.6 et 7.6.4}.

C4.4. L’autonomisation des femmes peut apporter des synergies et des co-bénéfices à la sécurité alimentaire des ménages et à la gestion durable des terres (degré de confiance élevé). En raison de la vulnérabilité disproportionnée des femmes aux effets du changement climatique, leur participation à la gestion et à l’occupation des terres est une contrainte. Les politiques qui peuvent traiter les droits liés aux terres et les obstacles à la participation des femmes à la gestion durable des terres comprennent : les transferts financiers aux femmes dans le cadre des programmes de lutte contre la pauvreté, les dépenses de santé, d’éducation, de formation et de renforcement des compétences des femmes, les crédits subventionnés et la diffusion des programmes par le biais des organisations communautaires existantes (degré de confiance moyen). 1.4.1, 4.8.2, 5.1.3, encadré 5.1, encadré 11 du chapitre 7}.

 

 

Figure RID.4 Trajectoires liant le développement socio-économique, les mesures d’atténuation et les terres. Les scénarios futurs fournissent un cadre pour comprendre les implications de l’atténuation et de la socio-économie sur les terres.

Les trajectoires communes socio-économiques (SSP) englobent une série d’hypothèses socio-économiques différentes (encadré RID.1).Ils sont combinés avec les scénarios RCP [36], qui impliquent différents niveaux d’atténuation. Les changements dans les terres cultivées, les pâturages, les cultures bioénergétiques, les forêts et les espaces naturels à partir de 2010 sont présentés. Pour cette figure : Les terres cultivées englobent toutes les terres consacrées aux cultures pour l’alimentation humaine et animale ainsi que les autres terres arables (zones cultivées). Cette catégorie inclut les cultures bioénergétiques non forestières de première génération (par exemple, le maïs et la canne à sucre pour l’éthanol, le soja pour le biodiesel), mais exclut les cultures bioénergétiques de 2e génération. Les pâturages comprennent toutes les catégories de pâturages, et s’appuient sur la définition donnée par la FAO des « prairies et pâturages permanents ». Les cultures bioénergétiques comprennent les terres dédiées aux cultures énergétiques de deuxième génération (par exemple, le panic érigé, le miscanthus, les essences ligneuses à croissance rapide). La forêt comprend les forêts gérées par l’homme et les forêts non gérées. Les espaces naturels comprennent d’autres prairies, les savanes et les zones arbustives. Cadre A : Les résultats du modèle d’évaluation intégrée (MEI) [37] pour le SSP1, le SSP2 et le SSP5 pour le même scénario RCP1.9 [38]. Pour chaque trajectoire, les zones ombrées indiquent la plage des différents MEI ; la ligne principale indique la médiane des modèles. Pour le scénario RCP1.9, les trajectoires SSP1, SSP2 et SSP5 incluent respectivement les résultats de cinq, quatre et deux MEI. Cadre B : Les changement dans l’usage des sols et l’occupation des terres sont indiqués pour diverses combinaisons SSP-RCP, indiquant la médiane et la plage des différents modèles (minimum, maximum). {encadré RID.1, 1.3.2, encadré 1 dans le chapitre 1, 2.7.2, encadré 9 dans le chapitre 6, 6.1, 6.4.4, 7.4.2, 7.4.4, 7.4.5, 7.4.6, 7.4.7, 7.4.8, 7.5.3, 7.5.6 ; encadré 9 au chapitre 6}

D. Mesures à court terme

D 1. Des mesures peuvent être prises à court terme, sur la base des connaissances actuelles, pour lutter contre la désertification et la dégradation des terres, et pour assurer la sécurité alimentaire, tout en encourageant des réponses à long terme qui permettraient l’adaptation au changement climatique et son atténuation. Il s’agit notamment de mesures visant à renforcer les capacités individuelles et institutionnelles, à accélérer le transfert de connaissances, à améliorer le transfert et le déploiement de technologies, à mettre en place des mécanismes financiers, à créer des systèmes d’alerte rapides, à organiser la gestion des risques et à combler les lacunes dans la mise en œuvre et le développement (degré de confiance élevé). {3.6.1, 3.6.1, 3.6.2, 3.7.2, 4.8, 5.3.3, 5.5, 5.6.4, 5.7, 6.2, 6.4, 7.3, 7.4.9, 7.6 ; encadré 10 du chapitre 7}

D1.1. Le renforcement des capacités à court terme, le transfert et le déploiement de technologies, et la mise en place de mécanismes financiers favorables peuvent renforcer l’adaptation et l’atténuation dans le secteur des terres. Connaissances et transferts de technologie peuvent contribuer à améliorer la gestion durable des ressources naturelles pour la sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique (degré de confiance moyen). La sensibilisation, le développement des capacités et l’éducation sur les méthodes de gestion durable des terres, la vulgarisation agricole et les services consultatifs, et l’élargissement de l’accès aux services agricoles pour les producteurs et les utilisateurs des terres, peuvent permettre de lutter efficacement contre la dégradation des terres (degré de confiance moyen).{3.1, 5.7.4, 7.2, 7.3.4, 7.5.4}

D1.2. La mesure et la surveillance de l’évolution de l’utilisation des terres, y compris la dégradation des terres et la désertification, s’appuient sur une utilisation accrue des nouvelles technologies de l’information et de la communication (applications de téléphonie mobile, services en nuage, capteurs au sol, imagerie de drone), l’utilisation des services climatiques et l’information terrestre et climatique par télédétection (degré de confiance moyen). Les systèmes d’alerte rapide en cas de phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes sont essentiels pour protéger les vies et les biens et améliorer la réduction et la gestion des risques de catastrophe (degré de confiance élevé). Les prévisions saisonnières et les systèmes d’alerte rapide sont essentiels pour la sécurité alimentaire (famine) et la surveillance de la biodiversité, incluant les ravageurs et les maladies et la gestion efficace des risques climatiques (degré de confiance élevé). Les investissements dans les capacités humaines et institutionnelles sont très rentables. Ces investissements comprennent l’accès à des systèmes d’observation et d’alerte rapide et à d’autres services dérivés de systèmes et de données de surveillance hydrométéorologique et de télédétection in situ, l’observation sur le terrain, l’inventaire et l’enquête, et l’utilisation accrue des technologies numériques (degré de confiance élevé). {1.2, 3.6.2, 4.2.2, 4.2.2, 4.2.4, 5.3.1, 5.3.6, 6.4, 7.3.4, 7.4.3, 7.5.4, 7.5.5, 7.6.4 ; encadré 5 du chapitre 3}

D1.3. L’encadrement de la gestion des terres en termes de gestion des risques, spécifiques à la terre, peut jouer un rôle important dans l’adaptation par des approches paysagères, la lutte biologique contre les épidémies de ravageurs et de maladies et l’amélioration des mécanismes de partage et de transfert des risques (degré de confiance élevé). La transmission des informations sur les risques liés au climat peut améliorer la réactivité des gestionnaires des terres et leur permettre de prendre des décisions en temps utile (degré de confiance élevé). {5.3.2, 5.3.2, 5.3.5, 5.6.2, 5.6.3 ; encadré 6 du chapitre 5 ; 5.6.5, 5.7.1, 5.7.2, 7.2.4}

D1.4. La gestion durable des terres peut être améliorée en augmentant la disponibilité et l’accessibilité des données et de l’information relatives à l’efficacité, aux co-bénéfices et aux risques liés aux nouvelles options d’intervention, et en augmentant l’efficacité de l’utilisation des terres (degré de confiance élevé). Certaines options d’intervention (p. ex. l’amélioration de la gestion du carbone dans le sol) n’ont été mises en œuvre qu’à petite échelle sur des installations de démonstration et les connaissances, les déficits institutionnels et financiers existent et les défis sont nombreux pour le passage à une plus grande échelle et à la généralisation de ces options (degré de confiance moyen). {4.8, 5.5.1, 5.5.2, 5.6.1, 5.6.5, 5.7.5, 6.2, 6.4, }

D2. Les mesures à court terme concernant l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets, la désertification, la dégradation des terres et la sécurité alimentaire peuvent générer des co-bénéfices, aussi bien sociaux qu’écologiques, économiques et en termes de développement (degré de confiance élevé). Ces co-bénéfices peuvent contribuer à l’éradication de la pauvreté et à une plus grande résilience des moyens de subsistance des personnes vulnérables (degré de confiance élevé). {3.4.2, 5.7, 7.5}

D2.1. Les mesures à court terme visant à promouvoir une gestion durable des terres contribueront à réduire les vulnérabilités foncières et alimentaires et pourront engendrer des moyens de subsistance plus viables, ainsi qu’à réduire la dégradation des terres, la désertification et la perte de biodiversité (degré de confiance élevé). Il existe des synergies entre la gestion durable des terres, les efforts d’éradication de la pauvreté, l’accès au marché, les mécanismes non marchands et l’élimination des pratiques à faible productivité. Maximiser ces synergies peut aboutir à des co-bénéfices d’adaptation, d’atténuation et de développement en préservant les fonctions et services des écosystèmes (degré de confiance moyen). {3.4.2, 3.6.3, tableau 4.2, 4.7, 4.9, 4.10, 5.6, 5.7, 7.3, 7.4, 7.5, 7.6 ; encadré 12 du chapitre 7}

D2.2. Les investissements dans la restauration des terres peuvent se traduire par des bénéfices globaux et dans les zones arides, le rapport avantages-coûts peut se situer entre trois et six en termes de valeur économique estimée des services écosystémiques restaurés (degré de confiance moyen). De nombreuses technologies et pratiques de gestion durable des terres sont rentables en trois à dix ans (degré de confiance moyen). Bien qu’elles puissent nécessiter un investissement initial, les mesures visant à assurer une gestion durable des terres peuvent améliorer le rendement des cultures et la valeur économique des pâturages. Les mesures de restauration et de remise en état des terres améliorent les systèmes de subsistance et procurent à la fois des rendements économiques positifs à court terme et des avantages à long terme en termes d’adaptation au changement climatique et d’atténuation de ses effets, de biodiversité et de fonctions et services écosystémiques améliorés (degré de confiance élevé). {3.6.1, 3.6.1, 3.6.3, 4.8.1, 7.2.4, 7.2.3, 7.3.1, 7.4.6, case 10 du chapitre 7}

D2.3. Les investissements initiaux dans les pratiques et les technologies de gestion durable des terres peuvent varier d’environ 20 USD /ha à 5000 USD /ha, la moyenne étant estimée à environ 500 USD /ha. Le soutien du gouvernement et un meilleur accès au crédit peuvent aider à surmonter les obstacles à leur adoption, en particulier les obstacles auxquels sont confrontés les petits exploitants agricoles pauvres (degré de confiance élevé). Un changement à court terme vers des régimes alimentaires équilibrés (voir B6.2) peut réduire la pression sur les terres et générer d’importants co-bénéfices en matière de santé du fait de l’amélioration de la nutrition (degré de confiance moyen). {3.6.3, 4.8, 5.3, 5.3, 5.5, 5.6, 5.7, 6.4, 7.4.7, 7.5.5 ; encadré 9 du chapitre 6}

D 3. Des réductions rapides des émissions anthropiques de GES dans tous les secteurs par des mesures d’atténuation ambitieuses réduisent les impacts négatifs du changement climatique sur les écosystèmes terrestres et les systèmes alimentaires (degré de confiance moyen). Retarder les mesures d’atténuation du changement climatique et d’adaptation dans tous les secteurs aurait des effets de plus en plus négatifs sur les terres et réduirait les perspectives de développement durable (degré de confiance moyen). {Encadré RID.1, schéma RID.2, 2.5, 2.7, 5.2, 6.2, 6.4, 7.2, 7.3.1, 7.4.7, 7.4.8, 7.5.6 ; encadré 9 au chapitre 6, encadré 10 au chapitre 7}

D3.1. Une action tardive dans tous les secteurs entraîne un besoin croissant de déploiement à grande échelle d’options d’adaptation et d’atténuation terrestres et peut entraîner une réduction du potentiel de toutes ces options dans la plupart des régions du monde et limiter leur efficacité actuelle et future (degré de confiance élevé). Agir maintenant peut éviter ou réduire les risques et les pertes, et générer des bénéfices pour la société (degré de confiance moyen). Une action rapide en matière d’atténuation du changement climatique et d’adaptation, alignée sur la gestion durable des terres et le développement durable selon les régions, pourrait réduire les risques que représentent pour des millions de personnes les extrêmes climatiques, la désertification, la dégradation des terres ainsi que l’insécurité alimentaire et des moyens de subsistance (degré de confiance élevé). {1.3.5, 3.4.2, 3.5.2, 4.1.6, 4.7.1, 4.7.2, 5.2.3, 5.3.1, 6.3, 6.5, 7.3.1}

D3.2. Dans les scénarios futurs, le report des réductions d’émission de GES implique des compromis qui entraînent des coûts et des risques nettement plus élevés associés à la hausse des températures (degré de confiance moyen). Le potentiel de certaines options d’intervention, comme l’augmentation du carbone organique du sol, diminue à mesure que le changement climatique s’intensifie, car les sols ont réduit leur capacité d’agir comme puits pour le piégeage du carbone à des températures plus élevées (degré de confiance élevé). Les retards dans la prévention ou la réduction de la dégradation des terres et la promotion d’une restauration positive de l’écosystème risquent d’avoir des impacts à long terme, en particulier une baisse rapide de la productivité de l’agriculture et des parcours, la dégradation du pergélisol et des difficultés de ré-humidification des tourbières (degré de confiance moyen). {1.3.1, 3.6.2, 4.8, 4.9, 4.9.1, 5.5.2, 6.3, 6.4, 7.2, 7.3 ; encadré 10 du chapitre 7}

D3.3. Le report des réductions d’émission de GES de tous les secteurs implique des compromis, y compris la perte irréversible des fonctions et des services des écosystèmes terrestres nécessaires à l’alimentation, à la santé, aux établissements humains et à la production, entraînant des répercutions économiques toujours plus importantes pour de nombreux pays dans plusieurs régions du monde (degré de confiance élevé). Le report des mesures prévues dans les scénarios d’émissions élevées pourrait avoir des répercussions irréversibles sur certains écosystèmes, ce qui, à plus long terme, pourrait entraîner d’importantes émissions supplémentaires de GES provenant des écosystèmes et accélérer le réchauffement planétaire (degré de confiance moyen). {1.3.1, 2.5.3, 2.7, 3.6.2, 4.9, 4.10.1, 5.4.2.4, 6.3, 6.4, 7.2, 7.3 ; case 9 du chapitre 6, case 10 du chapitre 7}

[Notes]

  1. La partie terrestre de la biosphère qui comprend les ressources naturelles (sol, air près de la surface, végétation et autres biotes, et eau), les processus écologiques, la topographie, les établissements humains et les infrastructures qui fonctionnent dans ce système.
  2. Les trois rapports spéciaux sont : « Réchauffement global de 1,5 °C. Un rapport spécial du GIEC sur les impacts du réchauffement de la planète de 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels et les voies d’émission de gaz à effet de serre connexes, dans le contexte du renforcement de la réponse mondiale à la menace du changement climatique, du développement durable et des efforts pour éliminer la pauvreté » ; « Changement climatique et terres émergées : rapport spécial du GIEC sur le changement climatique, la désertification, la dégradation des sols, la gestion durable des terres, la sécurité alimentaire, les flux des GES dans les écosystèmes terrestres » ; « Les océans et la cryosphère dans le contexte du changement climatique ».
  3. Les trois propositions connexes étaient les suivantes : changements climatiques et désertification ; désertification et aspects régionaux ; dégradation des terres — évaluation des liens et stratégies intégrées d’atténuation et d’adaptation ; agriculture, forêts et autres usages des terres ; alimentation et agriculture ; et sécurité alimentaire et changements climatiques.
  4. La gestion durable des terres est définie dans le présent rapport comme « l’intendance et l’utilisation des ressources terrestres, y compris les sols, l’eau, les animaux et les plantes, pour répondre aux besoins humains en évolution, tout en assurant simultanément le potentiel productif à long terme de ces ressources et le maintien de leurs fonctions environnementales ».
  5. La désertification est définie dans le présent rapport comme « la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches résultant de nombreux facteurs, dont les variations climatiques et les activités humaines ».
  6. La dégradation des terres est définie dans le présent rapport comme « une tendance négative de l’état des terres, causée par des processus anthropiques directs ou indirects, y compris le changement climatique anthropique, exprimée en réduction à long terme et en perte d’au moins un des éléments suivants : productivité biologique, intégrité écologique ou valeur pour les humains ».
  7. La sécurité alimentaire est définie dans le présent rapport comme « une situation qui existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une alimentation suffisante, saine et nutritive qui répond à leurs besoins et préférences alimentaires pour une vie active et saine ».
  8. L’évaluation porte sur la littérature scientifique dont la publication a été acceptée jusqu’à la date du 7 avril 2019.
  9. Chaque constatation est fondée sur une évaluation des éléments probants sous-jacents et de leur cohérence. Un niveau de confiance est exprimé à l’aide de cinq qualificatifs : très faible, faible, moyen, élevé et très élevé, et composition en italique, par exemple, moyen.Les termes suivants ont été utilisés pour indiquer la probabilité évaluée d’un résultat : pratiquement certain de 99 à 100 %, très probable de 90 à 100 %, probable de 66 à 100 %, probable de 66 à 100 %, à peu près aussi probable qu’improbable de 33 à 66 %, peu probable de 0 à 33 %, très peu probable de 0 à 10 %, exceptionnellement improbable de 0 à 1 %. D’autres termes (extrêmement probable 95-100 %, plus probable qu’improbable > 50-100 %, plus improbable que probable 0-<50 %, extrêmement improbable 0-5 %) peuvent également être utilisés si nécessaire. La probabilité évaluée est présentée en italique, par exemple, très probable. Cela est conforme au RE5 du GIEC.
  10. La production primaire nette (PPN) potentielle des terres est définie dans le présent rapport comme étant la quantité de carbone accumulée par photosynthèse moins la quantité perdue par la respiration des plantes au cours d’une période donnée qui prévaudrait en l’absence de l’usage des terres.
  11. Dans son cadre conceptuel, l’IPBES utilise les « contributions apportées par la nature aux populations » dans lesquelles elle inclut les biens et services des écosystèmes.
  12. c’est-à-dire 75 milliards de dollars pour 2011, sur la base des dollars américains de 2007.
  13. Cette déclaration est basée sur les données statistiques nationales les plus complètes disponibles au sein de FAOSTAT, à partir de 1961. Cela ne signifie pas que les changements ont commencé en 1961. Les changements dans l’utilisation des terres ont eu lieu bien avant la période préindustrielle jusqu’à aujourd’hui.
  14. Dans le présent rapport, une vague de chaleur est définie comme « une période de temps anormalement chaude. Les vagues de chaleur et les périodes chaudes ont des définitions diverses et qui, dans certains cas, se chevauchent ».
  15. L’interprétation des observations par satellite peut être affectée par une insuffisance de validation au sol et d’étalonnage des capteurs. En outre, leur résolution spatiale peut rendre difficile la détermination de changements à petite échelle.
  16. Le verdissement de la végétation est défini dans le présent rapport comme une augmentation de la biomasse végétale photosynthétiquement active qui est déduite des observations par satellite.
  17. La fertilisation au CO2 est définie dans le présent rapport comme l’amélioration de la croissance des plantes par suite de l’augmentation de la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2). L’ampleur de la fertilisation au CO2 dépend des nutriments et de la disponibilité en eau.
  18. Le brunissement de la végétation est défini dans ce rapport comme une diminution de la biomasse végétale photosynthétiquement active qui est déduite des observations satellite.
  19. Les éléments probants relatifs à ces tendances des tempêtes de poussière et de leurs effets sur la santé dans d’autres régions sont limités à la documentation évaluée dans le présent rapport.
  20. L’évaluation a porté sur la littérature scientifique dont les méthodologies comprenaient des entretiens et des enquêtes auprès des peuples autochtones et des communautés locales.
  21. Cette évaluation ne comprend que le CO2, le CH4 et le N2O.
  22. Dans le présent rapport, le système alimentaire mondial est défini comme « l’ensemble des éléments (environnement, populations, intrants, processus, infrastructures, institutions, etc.) et activités liés à la production, à la transformation, à la distribution, à la préparation et à la consommation des aliments, ainsi que le résultat de ces activités, y compris les résultats socioéconomiques et environnementaux au niveau mondial ». Ces données sur les émissions ne sont pas directement comparables aux inventaires nationaux préparés conformément aux lignes directrices 2006 du GIEC pour les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.
  23. Le flux net anthropique de CO2 provenant des modèles de « comptabilité » ou de « comptabilisation du carbone » se compose de deux flux bruts opposés : les émissions brutes (environ 20 GtCO2 par an) proviennent de la déforestation, de la culture des sols et de l’oxydation des produits ligneux ; les absorptions brutes (environ 14 GtCO2 par an) proviennent principalement de la croissance forestière après la coupe du bois et la déprise agricole (degré de confiance moyen).
  24. Cette évaluation ne comprend que le CO2, le CH4 et le N2O.
  25. L’état des sols englobe les changements dans l’occupation des sols (par exemple, la déforestation, le boisement, l’urbanisation), d’usage des terres (par exemple, l’irrigation) et d’état des terres (par exemple, le degré d’humidité, le degré de verdissement, la quantité de neige, la quantité de pergélisol).
  26. Les terres à albédo élevé reflètent plus de rayonnement solaire entrant que les terres à faible albédo.
  27. La littérature scientifique indique que les changements de la couverture forestière peuvent aussi influer sur le climat par l’entremise des changements dans les émissions de gaz réactifs et d’aérosols {2.4, 2.5}
  28. La littérature scientifique émergente montre que les aérosols liés à la forêt boréale peuvent contrecarrer au moins en partie l’effet de réchauffement de l’albédo de surface {2.4.3}
  29. Des conditions climatiques sans précédent sont définies dans le présent rapport comme n’ayant eu lieu nulle part au cours du XXe siècle. Elles se caractérisent par des températures élevées, une forte saisonnalité et des changements dans les précipitations. Dans la littérature scientifique évaluée, l’effet des variables climatiques autres que la température et les précipitations n’a pas été pris en compte.
  30. Dans le présent rapport, l’approvisionnement alimentaire est défini comme englobant la disponibilité et l’accès (y compris le prix). L’instabilité de l’approvisionnement alimentaire fait référence à la variabilité qui influence la sécurité alimentaire en réduisant l’accès à l’alimentation.
  31. L’Afrique de l’Ouest compte un nombre élevé de personnes vulnérables à une désertification accrue et à une baisse des rendements. L’Afrique du Nord est vulnérable à la pénurie d’eau.
  32. Les systèmes de terres examinés dans le présent rapport n’incluent pas en détail la dynamique des écosystèmes urbains. Les zones urbaines, l’expansion urbaine et les autres processus urbains et leur relation avec les processus liés au territoire sont vastes, dynamiques et complexes. Plusieurs sujets abordés dans ce rapport, telles que la population, la croissance, les revenus, la production et la consommation d'aliments, la sécurité alimentaire et les régimes alimentaires ont des relations étroites avec ces processus urbains. Les zones urbaines constituent également le cadre de nombreux processus liés à la dynamique des changements d'usage des sols, notamment la perte de fonctions et de services écosystémiques, susceptibles d’accroître les risques de catastrophe. Certains sujets urbains spécifiques sont évalués dans ce rapport.
  33. La gestion durable des terres est définie dans le présent rapport comme l’intendance et l’utilisation des ressources terrestres, y compris les sols, l’eau, les animaux et les plantes, pour répondre à l’évolution des besoins humains, tout en assurant le potentiel productif à long terme de ces ressources et le maintien de leurs fonctions environnementales. Parmi les exemples de mesures figurent notamment l’agroécologie (y compris l’agroforesterie), les pratiques agricoles et forestières de conservation, la diversité des espèces végétales cultivées et forestières, les rotations appropriées des cultures et des forêts, l’agriculture biologique, la lutte intégrée contre les parasites, la conservation des pollinisateurs, la collecte des eaux de pluie, la gestion des pâturages et des prairies, les systèmes agricoles de précision.
  34. La gestion durable des forêts est définie dans le présent rapport comme l’intendance et l’utilisation des forêts et des terres forestières d’une manière et à un rythme qui maintiennent leur biodiversité, leur productivité, leur capacité de régénération, leur vitalité et leur capacité de remplir maintenant et à l’avenir des fonctions écologiques, économiques et sociales pertinentes aux niveaux local, national et mondial, et qui ne causent pas de dommages aux autres écosystèmes.
  35. Dans ce rapport, les trajectoires limitant le réchauffement de la planète à un niveau particulier sont basées sur une probabilité de 66 % de rester sous ce niveau de température en 2100 en utilisant le modèle MAGICC.
  36. Les Trajectoires Représentatives de Concentration (RCP) sont des scénarios qui incluent des séries chronologiques d’émissions et de concentrations de la gamme complète des gaz à effet de serre (GES) et des aérosols et des gaz chimiquement actifs, ainsi que l’utilisation des terres/l’occupation des sols
  37. Les modèles d’évaluation intégrés (MEI) intègrent les connaissances de deux domaines ou plus dans un cadre unique. Dans ce schéma, les MEI servent à évaluer les liens entre le développement économique, social et technologique et l’évolution du système climatique.
  38. Les trajectoires du RCP1.9 évaluées dans le présent rapport ont une probabilité de 66 % de limiter le réchauffement à 1,5 °C en 2100, mais certaines de ces trajectoires dépassent de > 0,1 °C le 1,5 °C de réchauffement au cours du XXIe siècle.