Rapport d'atelier coparainé par l'IPBES et le GIEC sur la biodiversité et le changement climatique

De Citoyens pour le climat
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Atelier coparrainé par l'IPBES et le GIEC
Biodiversité et changement climatique
Rapport d'atelier

publié en anglais le 10 juin 2021
Traduction citoyenne non officielle

Avertissement

Le coparrainage du GIEC ne signifie pas que celui-ci certifie ou approuve ce compte-rendu et les recommandations et conclusions qu’il contient. Les documents présentés à l’Atelier/Réunion d’Experts et le compte-rendu de ces travaux n’ont pas été soumis à l’examen du GIEC.

Le coparrainage de l’IPBES ne signifie pas que celui-ci certifie ou approuve ce compte-rendu et les recommandations et conclusions qu’il contient. Les documents présentés à l’atelier et le compte-rendu de ces travaux n’ont pas été soumis à l’examen de l’IPBES.

Sommaire

Préface

Le changement climatique et la perte de biodiversité sont deux des problèmes les plus urgents de l'Anthropocène. Bien qu'il soit reconnu dans les cercles scientifiques et politiques que les deux sont interconnectés, dans la pratique, ils sont largement abordés dans leurs propres domaines. La communauté de recherche dédiée à l'étude du système climatique est quelque peu, mais pas complètement, distincte de celle qui étudie la biodiversité. Chaque problématique a sa propre convention internationale (la Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques et la Convention sur la Diversité Biologique), et chacune a un organe intergouvernemental qui évalue les connaissances disponibles (le Groupe d'experts Intergouvernemental sur l'Évolution du Climat (GIEC) et la Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques (IPBES)). Cette séparation fonctionnelle crée un risque d'identifier, de comprendre et de gérer de manière incomplète les liens entre les deux. Dans le pire des cas, cela peut conduire à prendre des mesures qui empêchent malencontreusement la résolution de l'un et/ou de l'autre de ces deux problèmes. C'est dans la nature des systèmes complexes d’avoir des résultats et des effets de seuil inattendus, mais aussi que les parties individuelles ne puissent pas être gérées indépendamment les unes des autres. L'atelier conjoint IPBES-GIEC s'est attaché à explorer ces liens complexes et multiples entre le climat et la biodiversité. Cet atelier et son rapport représentent la toute première collaboration conjointe entre ces deux organes intergouvernementaux et font donc date dans leurs histoires respectives.

La communauté scientifique travaille depuis un certain temps sur les synergies et les compromis entre climat et biodiversité. Une action entreprise pour protéger la biodiversité qui contribue simultanément à l'atténuation du changement climatique ou une action augmentant la capacité des espèces ou des écosystèmes à s'adapter aux changements climatiques qui ne peuvent être évités sont des exemples de synergie. Au contraire, des compromis négatifs peuvent survenir, par exemple, si une mesure prise pour atténuer le changement climatique via l’utilisation de la terre ou de l'océan pour absorber les gaz à effet de serre entraîne une perte de biodiversité ou d'autres avantages liés à la nature procurés par les écosystèmes touchés. Ce n'est qu'en considérant le climat et la biodiversité comme des aspects d'un même problème complexe - qui comprend également les actions, les motivations et les aspirations de gens - que des solutions qui évitent la maladaptation et maximisent les résultats bénéfiques peuvent être développées. La recherche de telles solutions est importante si la société veut protéger les acquis de la croissance et accélérer l'évolution vers un monde plus durable, plus sain et plus équitable pour tous. Le rôle de la science dans la gestion de la pandémie actuelle illustre comment celle-ci peut éclairer les décisions politiques et la société pour identifier des solutions possibles.

En tant que membres du comité scientifique directeur, nous sommes fiers d'avoir contribué à cette toute première collaboration entre le GIEC et l'IPBES. Notre première tâche consistait à sélectionner parmi nos communautés respectives un ensemble varié d’experts de premier plan venant du monde entier, puis de guider leur travail. Il a été difficile de mener à bien ce processus pendant la pandémie de COVID-19, et les échéanciers ont été déplacés et revus à de nombreuses reprises. Ce qui devait être à l'origine un atelier en présentiel accueilli par le Royaume-Uni en mai 2020 avec le co-parrainage de la Norvège s’est finalement tenu en ligne en décembre 2020. Les experts se sont remarquablement bien adaptés à ces changements et ont consacré beaucoup de temps et d'efforts à ce projet pour compenser l'incapacité de se rencontrer en personne, tenant de vigoureuses et stimulantes discussions à distance, que ce soit avant et pendant l'atelier ou pour préparer le rapport et les résultats scientifiques qui en sont issus.

Comme expliqué dans l'avertissement sur la première page de ce document, il s'agit d'un rapport d'atelier et non d'un rapport d’évaluation. Il s'agit néanmoins d'un document scientifique, qui a fait l'objet d'une relecture par 24 experts externes sélectionnés par le comité scientifique directeur de l'atelier, fournissant une représentation objective, une synthèse et une explication de l'ensemble des travaux publiés. Bien qu'il s'agisse d'un rapport d'atelier et, en tant que tel, non exhaustif, le rapport résume l'état émergent des connaissances pour éclairer la prise de décision et aide à montrer la voie vers des solutions pour la société et également pour la recherche scientifique en identifiant les lacunes à combler.

Nous espérons que ce rapport d'atelier coparrainé, et les résultats scientifiques associés apporteront une contribution importante aux évaluations en cours et futures du GIEC et de l'IPBES, et seront pertinents pour les discussions tenues dans le contexte de la COP 15 de la CDB et de la COP 26 de la CCNUCC, qui se tiendront toutes les deux en principe en 2021. Connecter les sphères du climat et de la biodiversité est particulièrement crucial au moment où le monde semble se préparer à des actions plus fortes sur ces deux sujets. Des actions urgentes, opportunes et ciblées peuvent minimiser les tendances préjudiciables et contrer l'escalade des risques tout en évitant des erreurs coûteuses et contre-productives. L'humanité n'a pas de temps à perdre et nous espérons que ce rapport éclairera ces actions urgentes vers « L'avenir que nous voulons ».

Introduction

La Plénière de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), lors de sa 7ème session tenue en avril/mai 2019, a adopté un nouveau programme de travail jusqu'en 2030 et a convenu de la préparation d'un document technique sur la biodiversité et le changement climatique, sur la base des éléments mentionnés ou contenus dans les rapports d'évaluation de l'IPBES et, à titre exceptionnel, les rapports d'évaluation du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), en vue d'informer, entre autres, la Conférence des Parties lors de la quinzième réunion de la Convention sur la diversité biologique, et lors de la vingt-sixième session de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique.

À cette fin, la Plénière de l'IPBES a demandé au Secrétaire exécutif de l'IPBES d'explorer, avec le secrétariat du GIEC, d'éventuelles activités conjointes relatives à la biodiversité et au changement climatique, incluant la possibilité de préparer conjointement le document technique mentionné ci-dessus.

À la suite de consultations informelles, l'option d'un atelier coparrainé avec le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est apparue comme une option possible.

Le Bureau a convenu de charger le Groupe de travail II de collaborer avec le secrétariat de l'IPBES pour étudier plus avant la proposition en termes de temps et de degré scientifique. Les coprésidents du Groupe de travail II, en consultation avec d'autres Groupes de travail, ont été invités à poursuivre les préparatifs et à présenter un plan au Comité exécutif du GIEC. Le document de réflexion qui définit, entre autres, les objectifs, les résultats, l'orientation, le calendrier et les informations sur le comité scientifique directeur de l'atelier coparrainé a été présenté à la 52e session du GIEC pour information sous la cote IPCC-LII / INF.7.

Le rapport d'atelier contribuera à la définition du cadrage et alimentera l'évaluation de l'IPBES sur les interactions entre la biodiversité, l'eau, l'alimentation et la santé dans le contexte du changement climatique, ainsi que le sixième rapport d'évaluation (AR6) et les rapports de synthèse du GIEC.

Objectifs

Les objectifs de l'atelier, conformément au document de réflexion de cet atelier, sont les suivants :

À la lumière de l'urgence de mettre la biodiversité au premier plan des discussions concernant les stratégies d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques terrestre et océanique, cet atelier coparrainé par le GIEC et l'IPBES aborde les synergies et les compromis entre la protection de la biodiversité et l'atténuation et l'adaptation au changement climatique. Cela comprend l'exploration de l'impact du changement climatique sur la biodiversité, la capacité d’adaptation des espèces au changement climatique et les limites de cette capacité d'adaptation, la résilience des écosystèmes face au changement climatique compte tenu des seuils de changement irréversible, et la contribution des écosystèmes aux boucles de rétroaction et à l'atténuation climatique, face au contexte d'une perte de biomasse et les risques associés pour des espèces clés de voûte et la biodiversité ainsi que les services écosystémiques (contribution de la nature aux êtres humains). Le rapport de l'atelier fournira les informations pertinentes pour la mise en œuvre de l'Accord de Paris, du Cadre mondial pour la biodiversité pour l'après-2020 et des Objectifs de Développement Durable.

Objet de l'atelier

L'atelier visait à donner un aperçu des relations entre la biodiversité et le changement climatique, notamment :

(a) Les impacts et les risques de futurs changements climatiques plausibles (par exemple, à différents horizons temporels et pour différents niveaux de réchauffement tels que 1,5°C, 2°C, 3°C et 4°C par rapport à l'ère préindustrielle, compte tenu des non-linéarités et seuils associés pour les changements irréversibles du système climatique et des écosystèmes) pour la biodiversité terrestre, d'eau douce et marine, les contributions de la nature aux Hommes et à la qualité de vie ;

(b) Les rétroactions des changements plausibles de la biodiversité sur les caractéristiques et les changements climatiques ;

(c) En s'appuyant sur les connaissances scientifiques ainsi que sur les connaissances autochtones et locales, l'atelier s'est ensuite concentré sur les opportunités d'atteindre simultanément des objectifs liés au changement climatique et à la biodiversité, et sur les risques d'examiner ces deux questions séparément, notamment :

(d) Les opportunités, les défis et les risques des choix d'atténuation et d'adaptation au changement climatique (par exemple, la bioénergie, la capture et le stockage du carbone, le boisement à grande échelle, le reboisement et la restauration des écosystèmes) pour la biodiversité, les contributions de la nature aux Hommes et à la qualité de vie ;

(e) L'impact de la préservation de la biodiversité et des pratiques d'utilisation durable sur les émissions de gaz à effet de serre (c'est-à-dire les rétroactions climatiques) ;

(f) Une évaluation des synergies, des compromis et de l'efficacité des politiques et des structures de gouvernance qui s'attaquent simultanément au changement climatique et à la perte de biodiversité à toutes les échelles, y compris dans les zones urbaines ;

(g) Les principales incertitudes scientifiques.

Processus

À la lumière des procédures pour les ateliers coparrainés (similaires pour le GIEC et l'IPBES), et compte tenu des retards dus à la pandémie, les mesures suivantes ont été prises :

  • Un comité scientifique directeur (en anglais, scientific steering committee, noté SSC) de douze personnes a été constitué, dont six sélectionnés par l'IPBES et six par le GIEC.
  • Le SSC a proposé les contours d’un bilan scientifique conjoint, composé de sept sections, a sélectionné un groupe de 50 experts, en tenant compte des équilibres entre les sexes, les nationalités et les disciplines, avec 25 membres sélectionnés par le GIEC et 25 par l'IPBES. Le SSC a réparti ces experts dans les 7 sections, chaque section ayant la moitié de ses experts de l'IPBES et la moitié du GIEC.
  • Pour relever les défis posés par la pandémie, et afin d'exploiter pleinement le nombre réduit d'heures disponibles pour un atelier virtuel par rapport à un atelier normal, les coprésidents du SSC ont supervisé un processus préparatoire, en amont de l'atelier consistant en une série de téléconférences pour commencer à discuter des résultats scientifiques attendus pour chaque section, à élaborer une liste de points et du texte pour ces points. Tous les participants sélectionnés ont participé à ce processus préparatoire.
  • L'atelier, initialement prévu pour mai 2020, organisé par le Royaume-Uni, avec le coparrainage de la Norvège, a eu lieu virtuellement du 14 au 17 décembre 2020. L'ordre du jour est reproduit ci-dessous. L'atelier a été ouvert par des représentants de ces deux pays, suivis des présidents du GIEC et de l'IPBES.
  • À la suite de l'atelier virtuel, les experts ont travaillé en ligne pour finaliser les textes de leurs sections respectives du bilan scientifique conjoint et ont mené une révision interne sur l’ensemble des sections.
  • Le rapport de l'atelier a été revu par des pairs pendant une période de trois semaines, entre le 9 et le 30 avril 2021, par un groupe de 24 relecteurs sélectionnés par le SSC, la moitié provenant de la communauté IPBES et l'autre moitié de la communauté du GIEC, et en tenant compte du sexe et des équilibres géographiques et disciplinaires. La liste des pairs relecteurs est reproduite à l'annexe 1 du présent rapport.
  • Le rapport de l'atelier a été révisé et finalisé par les experts, sous la direction du SSC, et publié.
  • Le support technique à l'atelier coparrainé a été fourni par le secrétariat de l'IPBES, en collaboration avec l'unité de support technique du Groupe de travail II du GIEC et avec le secrétariat du GIEC.

Résumé

Ce rapport d'atelier est placé dans le contexte des récents accords internationaux, notamment l'Accord de Paris, le Plan stratégique pour la biodiversité 2011-2020 et la préparation en cours du Cadre mondial de la biodiversité pour l’après 2020, le Cadre d’action de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe et le programme 2030 pour le développement durable, qui convergent vers une résolution de la double crise du changement climatique et de la perte de biodiversité comme moyen essentiel pour soutenir le bien-être humain. La réalisation simultanée de ces accords repose sur des efforts immédiats et soutenus pour un changement en profondeur qui englobe les politiques technologiques et environnementales ainsi que des changements de structures économiques et des mutations profondes de la société. Les impacts du changement climatique et la perte de biodiversité sont deux des défis et des risques les plus importants pour les sociétés humaines ; dans le même temps, climat et biodiversité s’entremêlent par des liens mécaniques et des boucles de rétroaction. Le changement climatique exacerbe les risques pour la biodiversité et les habitats naturels et aménagés ; dans le même temps, les écosystèmes naturels et gérés ainsi que leur biodiversité jouent un rôle clé dans les flux de gaz à effet de serre, ainsi que dans le soutien à l'adaptation au climat. L'absorption par photosynthèse de plus de 50% des émissions anthropiques de CO₂ et le stockage de carbone résultant dans la biomasse et les matières organiques, ainsi que par la dissolution du CO₂ dans l'eau des océans, réduit déjà naturellement le changement climatique mondial (mais provoque l'acidification des océans). Cependant, les contributions de la nature à l'atténuation du changement climatique, fournies en partie par la biodiversité sous-jacente, sont compromises par la dégradation des écosystèmes résultant du changement climatique progressif et des activités humaines. En fait, la dégradation des écosystèmes par les changements d'usage des sols et les autres impacts sur les stocks et la séquestration naturels du carbone est un contributeur majeur aux émissions cumulées de CO₂ et, par conséquent, un facteur supplémentaire du changement climatique.

La mise en œuvre ambitieuse d'actions terrestres et océaniques pour protéger, gérer durablement et restaurer les écosystèmes offre des co-bénéfices pour les objectifs d'atténuation du changement climatique, d'adaptation au climat et de biodiversité et peut contribuer à contenir la hausse des températures dans les limites envisagées par l'Accord de Paris, à condition que de telles actions soutiennent, et ne remplacent pas, des réductions ambitieuses des émissions provenant des combustibles fossiles et du changement d'usage des sols. Dans ce large contexte, l'atelier a exploré diverses facettes de l'interaction entre le climat et la biodiversité, des tendances actuelles au rôle et à la mise en œuvre de solutions basées sur la nature et le développement durable de la société humaine. Un résumé des conclusions de l'atelier est présenté ci-dessous :

Limiter le réchauffement climatique pour assurer un climat habitable et protéger la biodiversité sont des objectifs qui se renforcent mutuellement, et leur réalisation est essentielle pour fournir durablement et équitablement des avantages aux populations.

(1) L'augmentation de la consommation d'énergie, la surexploitation des ressources naturelles et la transformation sans précédent des terres, des eaux douces et des paysages marins1 au cours des 150 dernières années ont accompagné les progrès technologiques et permis une amélioration du niveau de vie pour beaucoup de personnes, mais ont également entraîné des changements climatiques et l'accélération du déclin de la diversité biologique dans le monde, tous deux impactant négativement de nombreux aspects d’une bonne qualité de vie. Une société durable nécessite à la fois un climat stabilisé et des écosystèmes en bonne santé. Cependant, 77 % des terres (hors Antarctique) et 87 % de la superficie de l'océan ont été modifiées par les effets directs des activités humaines. Ces changements sont associés à la perte de 83 % de la biomasse des mammifères sauvages et de la moitié de celle des plantes. Le bétail et les humains représentent désormais près de 96 % de toute la biomasse des mammifères sur Terre, et l’on compte plus d'espèces menacées d'extinction que jamais auparavant dans l'histoire de l'humanité. Le changement climatique interagit de plus en plus avec ces processus. Les rejets anthropiques de gaz à effet de serre provenant de la combustion de combustibles fossiles, de l'industrie, de l'agriculture, foresterie et autres usages des sols (AFOLU), dépassant désormais globalement les 55 GtCO₂e par an, continuent d'augmenter et ont déjà conduit à un réchauffement climatique supérieur à 1°C par rapport à la période préindustrielle2. Le changement climatique et la perte de biodiversité constituent des menaces significatives pour les moyens de subsistance humains, la sécurité alimentaire et la santé publique, et ces impacts négatifs sont ressentis de manière disproportionnée par les communautés socialement, politiquement, géographiquement et/ou économiquement marginalisées.

1. Le terme « paysage » est utilisé dans ce rapport pour représenter la région et les caractéristiques structurelles des environnements terrestres, marins et d'eau douce (échappées terrestres, marines, d'eau douce), voir glossaire.

2. Équivalent en dioxyde de carbone (CO₂e) : moyen pour placer les émissions de divers agents de forçage radiatif sur une base commune en tenant compte de leur effet sur le climat. Il décrit, pour une quantité et un mélange donnés de gaz à effet de serre, la quantité de CO₂ qui aurait la même capacité de réchauffement planétaire, lorsqu'elle est mesurée sur une période de temps spécifiée. (PNUE, 2020, voir glossaire). Selon le GIEC (2019), les activités d'agriculture, foresterie et autres utilisations des terres (AFOLU) représentaient environ 13 % du CO₂, 44 % du méthane (CH4) et 81 % des émissions de protoxyde d’azote (N2O) issues des activités humaines dans le monde en 2007-2016, représentant 23 % (12,0 ± 2,9 GtCO₂e par an) des émissions anthropiques nettes totales de gaz à effet de serre au cours de cette période. La réponse naturelle des terres aux changements environnementaux induits par l'homme a causé l’absorption nette d'environ 11,2 GtCO₂ par an entre 2007 et 2016 (équivalent à 29 % des émissions totales de CO₂).

(2) Le renforcement mutuel du changement climatique et de la perte de biodiversité signifie qu’une résolution satisfaisante d'un des deux problèmes nécessite la prise en compte de l'autre. Le changement climatique et la perte de biodiversité sont en étroite interaction et partagent des moteurs communs à travers les activités humaines. Les deux ont des impacts principalement négatifs sur le bien-être humain et la qualité de vie. Les concentrations accrues de gaz à effet de serre dans l’atmosphère entraînent des températures moyennes plus élevées, des régimes de précipitations modifiés, des événements météorologiques extrêmes plus fréquents, un appauvrissement en oxygène et une acidification des milieux aquatiques, dont la plupart nuisent à la biodiversité. Réciproquement, les changements dans la biodiversité affectent le système climatique, notamment par leurs impacts sur les cycles de l'azote, du carbone et de l'eau. Ces interactions peuvent générer des rétroactions complexes entre le climat, la biodiversité et les humains qui peuvent produire des résultats plus prononcés et moins prévisibles. Ignorer la nature indissociable du climat, de la biodiversité et de la qualité de vie humaine induira des solutions non optimales pour chacune de ces crises.